Bijzondere commissie "Klimaat en Duurzame Ontwikkeling"

Commission spéciale "Climat et Développement durable"

 

van

 

woensdag 11 juni 2008

 

Namiddag

 

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du

 

mercredi 11 juin 2008

 

Après-midi

 

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De vergadering wordt geopend om 14.12 uur en voorgezeten door de heer Herman Van Rompuy.

La séance est ouverte à 14.12 heures et présidée par M. Herman Van Rompuy.

 

01 De internationale voedselcrisis – gedachtewisseling

- de heer Olivier De Schutter, speciaal rapporteur van de Verenigde Naties voor het ‘Recht op Voedsel’

- de heer Philip Mikos, afdelingshoofd Task-force over de Internationale voedselcrisis

01 La crise internationale alimentaire – échange de vues

- M. Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation

- M. Philip Mikos, chef d’unité de la DG développement, chargé de la Task-force ‘la crise alimentaire internationale’

 

De voorzitter: Ik zal slechts een paar inleidende woorden spreken als introductie op onze twee sprekers vanmiddag en op de gedachtewisseling die daarop zal volgen.

 

Beste collega’s, dames en heren, de internationale voedselprijzen staan op het hoogste niveau in 30 jaar. De FAO-index, die de prijzen meet, is met 53% gestegen sinds maart 2007. Volgens de FAO blijven de enorm gestegen voedselprijzen nog wel enkele jaren op dit niveau. De exorbitante prijzen bedreigen natuurlijk vooral de zwakken.

 

Mesdames et messieurs, les 40 chefs d'État et les cent chefs de gouvernement qui ont assisté au sommet de la FAO ont, par leur simple présence, lancé au monde un signal fort montrant qu'ils se préoccupent du droit à l'alimentation. Les scénarios "catastrophe" qui ont été évoqués au récent sommet de la FAO doivent stimuler l'inventivité de l'homme. On dit parfois que les crises constituent des défis. La crise actuelle était toutefois évitable et exige un lourd tribut en vies humaines. Nous devons tirer les leçons de cette catastrophe pour l'avenir. Pour la première fois en 25 ans, il est devenu absolument indispensable de stimuler les secteurs agricoles. Les gouvernements doivent réinvestir dans l'agriculture et créer un climat favorable pour les investissements privés tout en protégeant les populations les plus vulnérables contre la faim.

 

In de slotverklaring engageerden de participanten aan de FAO-top zich om tegen 2015 het aantal personen dat honger lijdt, met de helft te reduceren, ondanks de wereldwijde voedselcrisis.

 

De jongste decennia zagen wij het probleem van honger en ondervoeding in omvang verminderen. Natuurlijk blijft er de verschrikkelijke werkelijkheid dat nog 800 miljoen mensen voedselonzeker zijn en zelfs 2 miljard op 6 miljard ondervoed of slecht gevoed zijn.

 

Het vooruitgangsdenken bracht er velen toe te denken dat wij op de goede weg waren. Vandaag spreken wij tot onze verbijstering over voedseltekorten, niet alleen lokaal en tijdelijk, maar ook globaal en langduriger dan wij dachten. De wereld gaat er op dat vlak op achteruit in plaats van op vooruit, hoe men het ook draait of keert.

 

De verantwoordelijkheid ligt vooral bij mensen, bij de mensen als een geheel. De voedselcrisis – ik herhaal het – had vermeden kunnen worden, of het nu gaat over een verwaarlozing van de landbouw in de arme landen of de overdreven cultuur van biogewassen of de slechte verdeling van het schaarse voedsel. Zelfs als het de natuur is, komt men toch veelal bij mensen terecht, omdat droogtes door een aangepast klimaatbeleid kunnen worden aangepakt.

 

Het succes in landen waar de armoede en honger verminderen, schept paradoxaal genoeg problemen in blijvend arme landen. Denk maar aan de gestegen voedselvraag in China, een land dat voor enkele decennia werd getekend door het hongerprobleem.

 

Wij zullen moeten terugkeren naar eenvoudige waarheden. Ik som er een aantal op.

 

Ten eerste, de landbouw is er in de eerste plaats om voedsel te produceren, niet noodzakelijk om andere gewassen voort te brengen, maar om voedsel te produceren.

Ten tweede, de prijs moet het resultaat zijn van een echte vraag en aanbod en niet van speculatie.

Ten derde, men moet in goede tijden voorraden aanleggen voor slechte tijden.

Ten vierde, de familiale landbouw is de meest aangepaste vorm van boeren.

Ten vijfde, een elk-voor-zich-beleid inzake handel verergert alleen de crisis en intens internationaal samenwerken is dus de enige uitweg.

 

Voedselproblemen moeten dus mensen, ook ons, interpelleren. Het is een echte gewetensvraag. Deden wij voldoende om de ramp te vermijden? Zijn wij bezig met politiek in de slechte betekenis van het woord, of bezig met ideologie of pakken wij daarentegen de problemen aan? Omdat het een zaak van ethiek en mensenrechten is, omdat het een zaak van goede organisatie en hervormingen is, daarom zijn wij als politici hier.

 

Chers collègues, mesdames et messieurs, dans notre pays nous nous préoccupons, à juste titre, de la hausse des prix des denrées alimentaires en termes de pouvoir d'achat, surtout en ce qui concerne les groupes les plus vulnérables, mais dans beaucoup de pays pauvres, elle est synonyme de privation et de mort. Ne perdons pas de vue ce décalage.

 

Nous avons fait appel à deux experts de renom pour cette réunion de la nouvelle commission spéciale transversale Climat et Développement durable: M. Olivier De Schutter, un compatriote qui est rapporteur spécial auprès des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, et M. Philip Mikos, chef d'unité qui dirige le groupe de travail de l'Union européenne chargé de la crise alimentaire internationale.

 

Je leur donne immédiatement la parole en précisant que l'échange de vues qui suivra et les conclusions que nous tirerons ensuite, dans quelques semaines, devront donner un contenu à la politique menée dans notre pays.

 

Ik geef het woord aan professor Olivier De Schutter, met dank voor zijn komst en voor wat hij ons te zeggen heeft.

 

01.01  Olivier De Schutter: Monsieur le président, je veux d’abord vous remercier de votre invitation et saluer l’initiative prise par certains des membres de cette commission d’attirer l’attention sur la crise alimentaire et d’identifier la contribution du Parlement belge à promouvoir des solutions et certaines initiatives.

 

860 millions de personnes aujourd’hui sont considérées comme étant en situation d’insécurité alimentaire. Comme vous l’avez rappelé, deux milliards de personnes souffrent de malnutrition, c’est-à-dire de déficit en micro-nutriments, ce qui, notamment pour les enfants âgés de moins de deux ans, peut se traduire par des retards irréversibles dans la croissance et le développement des facultés mentales en particulier.

 

Chaque année, 5.600.000 enfants meurent des causes directes ou indirectes de la malnutrition. C’était la situation avant cette crise qui, avec la brutalité qui la caractérise, menace 100 millions de personnes supplémentaires, selon des estimations actuelles, certes très difficiles à faire, de la Banque mondiale.

 

La crise affecte très différemment les pays, selon les filets de sécurité sociale dont les populations bénéficient et selon les réactions des gouvernements. Sur les marchés internationaux, vous l’avez dit, les prix ont pratiquement doublé sur la période avril 2007 – avril 2008, soit un accroissement moyen de 83%. Mais ceci dépend évidemment du panier de biens que l’on retient à titre d’indicateur.

 

Mais cette hausse brutale des prix sur les marchés internationaux dans certains pays a grevé les budgets des ménages. Le prix pour le consommateur sur les marchés domestiques a parfois augmenté de 35, 40 voire 50% dans des pays en développement qui, très souvent, n’ont pas de programmes sociaux qui permettent aux populations les plus vulnérables de faire face à cette flambée des prix.

 

Ce ne sont pas seulement les consommateurs qui sont affectés, ce sont aussi les agences internationales, notamment celles qui fournissent l’aide aux populations qui ont faim. Je pense en particulier au Programme alimentaire mondial (PAM). Les pays importateurs nets de denrées alimentaires voient leurs factures augmenter de manière considérable, au moment même où ils doivent faire face à une augmentation tout à fait inédite des prix du pétrole, ce qui crée pour ces pays un déficit de balance des paiements tout à fait important.

 

Voilà l’état de la question, voilà la situation dans laquelle nous sommes et qui appelle à la fois à identifier les causes et les éventuelles responsabilités, et à travailler sur les solutions. Or on ne pourra pas travailler sereinement sur les solutions sans s’entendre d’abord sur un diagnostic quant à ce qui est à l’origine de cette situation.

 

Quelles sont les causes? Un consensus se dégage sur le fait que quatre facteurs majeurs ont conduit à la situation actuelle. Il est très difficile de quantifier leur importance respective car ces causes sont très étroitement interreliées et elles se renforcent mutuellement. Il est donc très difficile de quantifier l’impact de chacun de ces développements sur l’augmentation des prix, mais chacun s’accorde sur l’importance de quatre facteurs.

 

Le premier, c’est l’augmentation extrêmement spectaculaire et rapide du prix du pétrole, passé de 30 dollars le baril en 2000-2001 à 135 dollars aujourd’hui. Et on ne s’attend pas à ce qu’il descende rapidement. Cette augmentation implique que la production agricole est beaucoup plus coûteuse parce que beaucoup d’intrants (engrais, pesticides), beaucoup d’investissements (outils mécaniques) dépendent du prix du pétrole. Le transport de denrées alimentaires d’un coin du monde à l’autre est rendu aussi beaucoup plus coûteux, ce qui a un impact sur la facture que doivent acquitter les pays importateurs nets de denrées alimentaires.

 

Le deuxième facteur est le déséquilibre constaté aujourd'hui entre l'offre et la demande sur les marchés des matières premières agricoles. La demande augmente. En effet, chaque année, 75 millions de personnes s'ajoutent à la population mondiale. Nous nous acheminons vers un pic de 9,2 milliards de personnes en 2050 et les régimes alimentaires se transforment pour devenir plus riches en protéines (viande et produits laitiers). Ainsi faut-il pour chaque calorie de bœuf, neuf calories de céréales, pour chaque calorie de lait, quatre ou cinq calories de céréales. Donc, la quantité de céréales dont nous avons besoin pour satisfaire ces besoins alimentaires en évolution est en augmentation rapide: 5% environ, d'après l'estimation de l'OCDE et de la FAO dans leurs récentes publications sur les perspectives agricoles 2008-2015.

 

À côté de cette demande en forte croissance, l'offre ne parvient pas à suivre. Ceci est d'abord dû au changement climatique. Des régions entières sont menacées de désertification avec une perte estimée par le panel, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, à 60 à 90 millions d'hectares d'ici 2020 en Afrique subsaharienne, par exemple. Certaines de ces régions dépendant de la pluie pour l'agriculture, la production agricole y chutera de 50% d'ici 2020, dans 12 ans, menaçant ces populations d'une insécurité alimentaire croissante.

 

Le changement climatique signifie également que les investissements dont nous avons besoin pour que l'agriculture puisse s'épanouir seront plus importants, notamment en systèmes d'irrigation. Ces investissements ont fait défaut depuis 25 ans de manière dramatique. C'est une erreur extraordinaire qu'a commise la communauté internationale depuis les années 1980 que ce sous-investissement dans l'agriculture qui représente aujourd'hui quelque 4% des programmes d'aide publique au développement pour un secteur dont dépendent dans de nombreux États en voie de développement 65, 70, voire 80% de la population.

 

Cela d'autant plus que l'on reconnaît que les investissements qui sont consentis constituent le moyen le plus efficace de lutter contre la pauvreté. Ainsi, d'après la Banque mondiale, un dollar mis dans l'agriculture est au moins deux fois plus utile à la lutte contre la pauvreté que des investissements faits dans le secteur industriel ou dans celui des services.

 

Pourtant, ce domaine a été négligé, notamment par les pays en voie de développement. En effet, en moyenne, ces pays consacrent 4 à 4,5% de leur budget national à l'agriculture. Ils ont préféré récompenser les élites et les populations urbaines, plutôt que d'aller au secours des agriculteurs en dépit – je le répète – de l'importance de ce secteur pour leur économie.

 

On se trouve aujourd'hui face à une demande qui croît très rapidement, à une offre qui ne parvient pas à suivre en raison d'un sous-investissement structurel dans l'agriculture, et aux menaces que le changement climatique fait peser sur la capacité de la planète à nourrir le monde.

 

Ce facteur est structurel. Et c'est parce que celui-ci est structurel que tous les experts s'accordent à dire que la hausse des prix n'est pas seulement conjoncturelle, un phénomène purement transitoire, mais que ce dernier persistera au moins pendant les 10 à 12 ans à venir.

 

On espère que, dans 10 ou 12 ans, les investissements qui auront été faits dans l'agriculture permettront de pallier le déséquilibre actuel entre l'offre et la demande sur le marché des matières premières agricoles.

 

Le troisième facteur est, quant à lui, un facteur sur lequel beaucoup d'observateurs se sont penchés car c'est celui sur lequel il est le plus facile d'agir. Ce n'est pas le plus important. Mais c'est certainement celui pour lequel il est le plus aisé de faire marche-arrière. Il s'agit du développement des politiques qui visent à promouvoir les agrocarburants.

 

Ce sujet est difficile à traiter car des enjeux économiques importants sont en jeu. De plus, une confusion a été entretenue durant longtemps sur cette question. Ainsi, avec les biocarburants, on a voulu opposer l'objectif de lutter contre le changement climatique – objectif que nous partageons tous: lutter contre le changement climatique fait partie d'une stratégie pour la sécurité alimentaire – à la question de la sécurité alimentaire.

 

C'est une fausse opposition. Aujourd'hui, les études s'accumulent pour dire que certains des agrocarburants ont un impact environnemental négatif et que l'on s'est trompé dans les politiques mises en œuvre dans certaines régions. Le débat sur les agrocarburants n'a pas de sens si l'on ne distingue pas les différentes plantes à partir desquelles ils peuvent être fabriqués, les différentes générations d'agrocarburants et les différentes stratégies mises en œuvre pour en promouvoir l'utilisation.

 

Au Brésil, on fabrique du bio-éthanol à partir de la canne à sucre. Celle-ci est développée dans des régions du sud du Brésil, loin de l'Amazonie, comme l'a récemment rappelé le président Lula da Silva à Rome. 54% de la production brésilienne de canne à sucre sert à fabriquer du bio-éthanol. C'est un programme qui s'appelle "Proalcool", qui a été développé depuis les années 1970.

 

Le bilan environnemental de la production de bio-éthanol à partir de canne à sucre est plutôt positif. En comparaison avec l'utilisation de l'énergie fossile, cette politique n'est pas mauvaise, bien qu'elle ait des conséquences sociales très contestables dans les grandes exploitations de canne à sucre, où les conditions de travail et les salaires sont extrêmement inquiétants. Mais il s'agit d'un autre débat.

 

L'Union européenne et les États-Unis ont une autre politique d'agrocarburants. Les États-Unis ont commencé à s'intéresser à cette question à partir de l'année 2000 et aujourd'hui 30% de la production de maïs aux États-Unis sert à la production de bio-éthanol. Tous les gains de production depuis l'année 2004 aux États-Unis sont partis vers la production de bio-éthanol. Les États-Unis ont exporté moins de maïs sur les marchés mondiaux, le prix du maïs a augmenté sur les marchés internationaux, les fermiers américains se sont tournés vers le maïs aux dépens du soja, le Brésil a cultivé plus de soja, au détriment de la forêt amazonienne qui est détruite pour le cultiver.

 

La politique des États-Unis en faveur de l'autosuffisance énergétique, qui est un mythe, a produit ces conséquences en chaîne. Suite à l'utilisation de biocarburants qui ne sont pas source d'énergie durable, le bilan énergétique de la production de bio-éthanol à partir du maïs est beaucoup moins bon que celui fabriqué à partir de la canne à sucre. Nombre d'analystes estiment aujourd'hui que ce bilan est globalement négatif.

 

L'Union européenne a encore une autre politique. L'Union européenne produit, notamment en Allemagne, du biodiesel à partir du colza. Aujourd'hui, environ 2 à 3% des terres agricoles dans l'Union européenne servent à la production d'agrocarburants. C'est peu et la Commission européenne le souligne à juste titre. Le vrai problème est le suivant: pour respecter les objectifs que l'Union européenne s'est donnés en termes d'utilisation d'agrocarburants dans le transport, elle importe de l'huile de palme pour la fabrication de biodiesel. Ceci a conduit, ces dernières années, à détruire des forêts dans des pays tels que l'Indonésie, la Malaisie et la Nouvelle-Guinée qui sont des pays dont les forêts sont menacées par cette course aux agrocarburants. Cette course me paraît d'autant plus dangereuse qu'elle prend la forme d'annonces au monde. On se donne des objectifs chiffrés. L'Union européenne – je vous l'ai dit – s'est fixé comme objectif 10% d'agrocarburants dans les transports d'ici 2020. Les États-Unis se sont fixé comme objectif d'ici 2022 de multiplier par quatre – pour atteindre un sommet d'environ 130 millions de litres – la production chez eux de bioéthanol à partir du maïs. Pourquoi ces objectifs chiffrés sont-ils dangereux? Parce qu'ils sont un signal très clair donné au marché. Rassurez-vous, les prix des terres vont continuer à monter! De même, les matières premières agricoles sont un secteur qui sera rentable parce que la pression va continuer sur les prix!

 

J'y reviendrai dans mes conclusions. Si je puis modestement suggérer, la première et la plus immédiate des mesures que l'on puisse prendre – le parlement belge pourrait d'ailleurs en faire la demande au gouvernement et à l'échelle européenne – c'est renoncer à ces objectifs! Je reviendrai sur ce point.

 

Le quatrième facteur qui a conduit à la situation actuelle est celui de la spéculation. La spéculation est un thème difficile à aborder. On peut la comparer à l'écume sur les vagues. C'est un indicateur; ce n'est pas une cause! Les spéculateurs ne s'intéresseraient pas aux matières premières agricoles s'ils n'avaient pas la certitude qu'il y a là des gains à faire en raison de causes structurelles derrière l'augmentation des prix des terres arables et des matières premières agricoles.

 

Néanmoins, la spéculation est un facteur important dans l'explosion brutale des prix. C'est un facteur explicatif de la rapidité avec laquelle la crise s'est développée et c'est un facteur qui explique la volatilité de ces prix qui, d'un jour à l'autre parfois – prenez le cas du riz –, augmentent de 15% avant de diminuer le jour d'après de 10 ou 20%.

 

La spéculation est un problème pour les consommateurs puisqu'elle accentue la hausse des prix. C'est un problème aussi pour les producteurs agricoles qui ne savent pas à quel prix ils vont pouvoir vendre leurs récoltes et qui ont, par conséquent, un accès plus difficile aux crédits. C'est par ailleurs un problème pour les États qui ne savent pas ce que vont coûter les programmes sociaux qu'ils veulent mettre sur pied pour aider les populations qui subissent l'impact de la hausse des prix.

 

Peut-on lutter contre la spéculation? Oui, c'est possible. Des pistes sont explorées au plan international. La piste la plus souvent évoquée est la reconstitution de stocks alimentaires au niveau régional ou international permettant d'écouler des denrées agricoles alimentaires sur les marchés lorsque la fièvre sur les prix se fait jour et afin de couper l'herbe sous le pied – pour prendre une expression triviale – de la spéculation. Je reviendrai sur ce point dans mes conclusions.

 

Pour donner un indicateur quantitatif de l'importance de la spéculation que sont les bourses spécialisées comme le "Chicago Board of Trade" qui est la plus importante au monde, le volume des liquidités investi par les fonds d'investissement dans les matières agricoles a été multiplié par quatre ou cinq entre 2006 et 2007. Ces investisseurs se sont désintéressés des bourses d'actions et d'obligations à partir de 2000, 2001. Ils sont allés vers le pétrole, et on en a vu quelques-unes des conséquences. Ils se sont ensuite tournés vers les métaux et sont aujourd'hui intéressés par les matières premières agricoles. La publicité de la KBC, déjà célèbre grâce à certains d'entre vous, en est une illustration peut-être caricaturale.

 

Quelle a été la réaction de la communauté internationale face à cette situation et quelles sont les initiatives qui pourraient être prises? Je voudrais décrire les réactions de la communauté internationale en quatre points.

 

Le premier, le plus simple et le moins contestable, concerne le fait que les agences des Nations Unies qui sont mandatées pour venir en aide aux populations qui ont faim ou pour soutenir l'alimentation et l'agriculture ont pris des initiatives en développant de nouveaux programmes. Par exemple, la FAO a développé une initiative sur la flambée des prix alimentaires qui consiste à aider les agriculteurs à faire face aux prix des intrants pour la production agricole. La FAO demande à la communauté internationale de financer cette initiative à hauteur de 1,7 milliard de dollars afin qu'elle puisse aller au-delà des quatre pays qu'elle touche pour l'instant. Une des clés de la solution est certainement le renforcement rapide des capacités de l'agriculture, notamment en Afrique subsaharienne.

 

Le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a vu le prix de ses programmes augmenter de manière brutale en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la hausse du cours du pétrole a demandé à la communauté internationale de recevoir un supplément de financement de 755 millions de dollars, somme qu'elle est parvenue à réunir en un temps record, en quelque trois mois. Voilà donc une première série de réactions sur le plan humanitaire. Par ailleurs, des États ont donné plus d'argent pour financer ces programmes.

 

Le deuxième type de réaction consiste en des réactions que les États ont eues en ce qui concerne leur politique commerciale. Certains États ont restreint les exportations de denrées alimentaires pour se protéger d'une conséquence d'une hausse des prix et pour protéger leur population contre le risque de pénuries alimentaires. Certains États exportateurs, comme l'Indonésie, l'Inde ou l'Argentine, ont imposé soit des interdictions d'exportation, soit des taxes élevées à l'exportation pour limiter le risque que leur population soit affectée par la hausse des prix sur les marchés internationaux. Ces réactions, pour compréhensibles qu'elles soient, ont eu un impact néfaste car elles ont nourri la spéculation sur les marchés internationaux, elles ont conduit à une augmentation des prix sur les marchés internationaux – c'est évident – et elles ont rendu plus chères les importations de denrées alimentaires pour les pays importateurs nets de denrées alimentaires.

 

Ces pays sont les Philippines et le Sri Lanka, mais aussi un pays comme la Suisse; ils ont dû payer beaucoup plus cher leurs factures en raison de ces politiques de restriction aux exportations.

 

Le problème, c'est que ces réactions n'ont pas été coordonnées, mais unilatérales et dictées par des considérations essentiellement de politique intérieure. S'il est une chose positive dans le sommet alimentaire mondial qui a eu lieu à Rome du 3 au 5 juin, c'est que les pays se sont parlé et se sont entendus sur la nécessité de se concerter sur leurs réactions à la crise.

 

Le troisième type de réactions, c'est le fait que les programmes sociaux ont été étendus dans un certain nombre de pays pour protéger la population contre l'impact de la hausse des prix alimentaires.

 

Le quatrième type de réactions, c'est la concertation de la communauté internationale. Sur ce quatrième type, je serai un peu plus détaillé.

 

La communauté internationale s'est rendu compte qu'il fallait coordonner ces réactions à la crise. La toute première initiative est une conférence de deux jours qui a eu lieu à Berne les 28 et 29 avril et s'est réunie sous la présidence du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Il a demandé aux agences des Nations Unies ayant un mandat en la matière de coordonner leurs actions. Il s'agit de la FAO, du PAM, du Fonds international de développement agricole (FIDA), du Bureau pour la coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA). Ils se sont réunis avec les institutions financières internationales, Banque mondiale (BM) et Fonds monétaire international (FMI), et avec l'OMC pour développer une réponse coordonnée à la crise.

 

De cette réunion est sorti un groupe de travail de haut niveau qui, aujourd'hui, est en train de développer un cadre stratégique commun pour réagir à la crise alimentaire. Une première version de ce cadre commun d'action a été présentée à Rome lors de la conférence de haut niveau des 3 et 5 juin. J'aurais quelques commentaires à faire sur ce cadre, auquel j'ai eu l'occasion de contribuer avant sa présentation publique, mais qui me paraît à certains égards décevant par certaines absences, c'est-à-dire des éléments qui n'y sont pas abordés alors qu'ils font partie des solutions à la crise. Voilà une première action au niveau des Nations Unies.

 

Deuxièmement, la FAO a convoqué sa conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale. Au départ, cette conférence devait porter notamment sur le changement climatique et les bio-énergies et l'impact sur la sécurité alimentaire. En fait, elle est devenue un sommet mondial sur l'alimentation. Il faut reconnaître que, pour certains États, et nous le regrettons, ce fut une aubaine pour promouvoir certaines thèses qui ont leur place réelle dans les négociations au sein de l'OMC mais pas dans un sommet consacré à la sécurité alimentaire mondiale.

 

Le Conseil des droits de l’homme s’est réuni en session extraordinaire le 22 mai. J’ai demandé, lorsque j’ai pris mes fonctions le 1er mai, qu’il tienne une session sur cette question. La résolution adoptée au terme de celle-ci, nous a mandatés, la haute commissaire aux droits de l’homme, Louise Arbour, et moi-même pour porter un message dans ces différents lieux où la crise alimentaire est abordée, un message dont j’aurai l’occasion de dire quelques mots en conclusion. Enfin, le Conseil économique et social des Nations Unies a tenu une réunion, du 20 au 23 mai, sur ces questions.

 

Ces réactions sont bienvenues, importantes, il faut les saluer, et la coordination est évidemment nécessaire. Mais des tabous doivent encore être levés sur quatre points. Je me permets d’insister sur ces quatre points car une contribution que, mesdames et messieurs les parlementaires, vous pouvez faire c’est, dans vos discours publics sur la crise et sur la position que la Belgique peut avoir dans ces dossiers internationaux, de dire que la Belgique contribue non seulement aux points qui sont à l’agenda mais aussi à définir les termes de l’agenda, qui me paraît devoir être revu sur quatre points fondamentaux.

 

Premier point sur lequel l’accent n’a pas été suffisamment mis, c’est la dimension institutionnelle (ou de gouvernance) des réponses qui doivent être apportées, sur le plan national, à la crise actuelle. Que dit-on aux États? Qu’ils doivent ouvrir leur marché au commerce international des produits agricoles, qu’ils doivent développer des programmes sociaux, qu’ils doivent éviter les politiques de restriction aux exportations qui sont une source de spéculation sur les marchés internationaux. Mais on ne leur dit pas qu’ils doivent développer des stratégies nationales visant à garantir le droit à l’alimentation, en créant des conditions qui responsabilisent les gouvernements.

 

Je viens du domaine des droits de l’homme, et plus spécialement je m’intéresse depuis plusieurs années au droit à l’alimentation. Qu’est-ce qui découle du droit à l’alimentation? Une obligation pour les États de développer des stratégies institutionnelles qui définissent les responsabilités des différents départements ministériels au sein d’un gouvernement; qui définissent des calendriers pour la réalisation progressive du droit à l’alimentation; qui donnent des voies de recours aux victimes des violations du droit à l’alimentation, permettant d’engager la responsabilité des gouvernants et qui constituent un mécanisme de contrôle et de surveillance de la situation du droit à l’alimentation dans les pays les plus fragiles.

 

Cette réponse institutionnelle fait partie des solutions qui doivent être développées. C'est aussi une manière d'ajouter une notion de gouvernance aux notions purement humanitaires et macro-économiques à travers lesquelles la crise actuelle est abordée.

 

Le deuxième message qui me paraît manquer concerne la question de la spéculation. Dans l'un des projets de déclaration finale adoptée à la conférence de haut niveau de Rome, il y avait un paragraphe sur le sujet qui mentionnait que les États devaient lutter contre la volatilité des prix sur les marchés internationaux et qui disait qu'il faudrait peut-être songer à constituer des stocks, des réserves alimentaires au plan national, régional ou international, entre les mains de la FAO, précisément pour répondre à cette instabilité, cette volatilité des prix. Ce paragraphe a été biffé.

 

Or il faut se rappeler qu'au cours des années 1980 et jusqu'au milieu des années 1990, le FMI, parmi les prescriptions dans ses plans d'ajustement structurel, demandait aux États de ne pas entretenir de stocks alimentaires qui étaient coûteux et parfois sources de corruption, qui provoquaient des distorsions du marché. Beaucoup d'États, lorsque la crise fut venue, n'avaient plus ces stocks à leur disposition pour venir au secours de leur population.

 

Certains États ont fait exception, comme l'Inde ou le Bengladesh, mais beaucoup d'autres se sont retrouvés désarmés. Il faut reconstituer ces stocks alimentaires, même si ce n'est pas le moment de le faire en raison de la nervosité des marchés: cela ne ferait qu'accentuer la fièvre. Néanmoins, il faut préconiser cette solution à moyen terme. Selon moi, c'est le meilleur moyen de lutter contre l'impact de la spéculation.

 

La troisième question à laquelle on n'a pas accordé une attention suffisante, ce qui me paraît extrêmement grave: la hausse des prix alimentaires représente un risque pour les consommateurs qui ne sont pas des producteurs agricoles, elle représente un risque pour les pauvres dans les pays en développement qui sont des importateurs nets de denrées alimentaires mais cette hausse des prix représente une opportunité, dit-on, pour les producteurs agricoles.

 

Le problème est le suivant: dans des pays comme le Brésil, la Chine, l'Inde, les producteurs agricoles vont pouvoir bénéficier de cette hausse des prix parce qu'ils sont suffisamment connectés au marché, qu'ils disposent des infrastructures suffisantes, parce qu'ils ont bénéficié d'investissements dans les années passées qui leur permettent au fond de profiter de ce "retour à la réalité", à des prix des denrées alimentaires élevés.

 

Les producteurs agricoles d'Afrique subsaharienne sont dans une situation beaucoup moins favorable. Ils ne vont pas bénéficier de cette hausse. Ils n'ont pas accès au marché de la même manière. Il manque des infrastructures pour lesquelles il faut des investissements publics importants.

 

Une des difficultés est que ces petits producteurs, ces paysans qui vivent pour 500 millions d'entre eux – 2 milliards de personnes, 500 millions de familles – sur moins de deux hectares de terres, sont dans une situation extrêmement vulnérable par rapport aux grandes sociétés de l'agroalimentaire qui leur fournissent des produits, qu'elles produisent des semences, pesticides ou tout à la fois, ou qui leur achètent leurs récoltes pour ensuite les écouler sur les marchés des pays industrialisés.

 

Les petits paysans sont dans une situation de vulnérabilité économique. Ils ne sont pas capables de négocier d'égal à égal le prix qu'ils payent pour leurs intrants et le prix qu'ils reçoivent pour leurs produits. Ils sont des "price takers"; ils ne sont pas des "price makers".

 

Ceci n'est pas un marché qui fonctionne selon les règles de l'offre et de la demande, règles que M. Van Rompuy, notre président, rappelait à l'occasion et qui ne sont absolument pas respectées sur les marchés des matières premières agricoles.

 

Ce déséquilibre entre, d'une part, les petits paysans inorganisés et, d'autre part, un secteur très concentré de l'agroalimentaire, des grandes multinationales, est selon moi une source de préoccupations. Ce l'est également pour la Banque mondiale qui, dans son rapport mondial sur le développement 2008, consacre plusieurs pages à la concentration dans la chaîne de production et de distribution des denrées alimentaires et s'inquiète de l'abus de position dominante dont certaines sociétés pourraient se rendre coupables dans un tel contexte. Il faut responsabiliser ces sociétés. Il faut aider les petits producteurs à s'organiser pour obtenir tout simplement un meilleur prix pour le produit de leurs récoltes.

 

Pour l'instant, ces petits paysans sont dans la situation de l'ouvrier qui travaille sur la plate-forme qui produit du pétrole en mer du Nord. Ce n'est pas parce que les prix du pétrole ont été multipliés par 4 que son salaire a été multiplié par 4. Il continue à être payé le prix auquel on veut bien l'embaucher.

 

La quatrième question qui me paraît être oubliée est la plus importante et la plus dangereuse. Dans tous ces débats, il y a au fond un diagnostic commun mais un tabou quant au remède.

 

Le diagnostic commun est qu'il faut renforcer l'agriculture, qu'il faut augmenter rapidement les investissements dans ce domaine qui a été trop longtemps négligé. D'ailleurs les besoins alimentaires dans le monde sont tels qu'on estime qu'il faut doubler la production alimentaire d'ici 2050 et l'accroître de 50% d'ici 2030.

 

Le défi est donc considérable.

 

On a vécu, depuis l'après-guerre, sur l'idée qu'on produisait suffisamment et que la seule question pertinente était une question de distribution, mais il faut revenir à la question fondamentale de savoir si la planète va être capable de nourrir ses habitants. Le problème est que cette situation nouvelle, inédite, risque d'être utilisée comme une aubaine pour certains programmes que je voudrais labelliser sous un terme un peu caricatural mais commode: les programmes de la révolution verte. À la fin des années '60 et dans les années '70, l'Asie du Sud a bénéficié d'une transformation considérable de son agriculture et d'un renforcement de sa productivité à l'hectare grâce à ce qu'on a appelé la révolution verte qui a consisté à utiliser des biotechnologies et à privilégier les cultures d'exportation sur les cultures vivrières destinées à répondre aux besoins de la population locale. Elle a également renforcé le pouvoir des grandes exploitations capables de faire des économies d'échelle par rapport au pouvoir des petits paysans, que j'évoquais tout à l'heure. Ce modèle est en quelque sorte passé au-dessus de l'Afrique. Aujourd'hui, puisque nous avons cette solution toute faite, il y a un risque qu'on se dise qu'il faut faire pour l'Afrique ce qu'on a fait pour l'Asie du Sud, sans tirer les enseignements des erreurs qui ont été commises dans cette révolution verte.

 

Au fond, ce qui s'est passé de plus important à Rome, ce ne sont pas les discours de Nicolas Sarkozy ou de Lula da Silva ou même de Charles Michel, ce n'est pas la déclaration finale, c'est la conclusion d'un partenariat entre l'Alliance pour une révolution verte pour l'Afrique, présidée par Koffi Annan, et les Agences de Rome, la FAO, le Fonds international de développement agricole et le Programme altermondialiste pour une révolution verte pour l'Afrique. L'Alliance pour une révolution verte pour l'Afrique est soutenue par le secteur privé, extrêmement présent à Rome, et certaines entreprises de l'agroalimentaire, que je pourrais nommer, étaient extrêmement soucieuses de prescrire leurs solutions.

 

Le problème est que la révolution verte n'est pas la panacée. Il y a quatre difficultés qui me paraissent devoir être relevées et qui appellent une réflexion approfondie sur le risque que, sous prétexte de produire plus, on produise moins bien, avec des conséquences sociales et environnementales négatives.

 

Je vais résumer ces quatre risques brièvement. D'abord, il y a le recours aux biotechnologies, y compris les OGM, et à des technologies qui sont potentiellement source, pour les producteurs agricoles, d'une plus grande dépendance aux détenteurs de brevets sur ces technologies, à savoir les grandes multinationales de l'agroalimentaire.

 

Elles ont des impacts sur l'environnement et la santé publique qu'on ne mesure pas encore suffisamment bien. En outre, si l'Union européenne maintient ses réserves vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés, elles peuvent rendre très difficile l'accès au marché européen pour ces producteurs qui "bénéficieraient" de ces nouvelles technologies. Voilà pour le premier dossier important.

 

J'en viens au deuxième problème, à savoir les rapports de force entre les petits paysans et les grands exploitants agricoles. Le modèle de la révolution verte se fonde sur l'idée que l'on doit renforcer la productivité, notamment par des économies d'échelle qui permettent la production agroindustrielle, la production agricole à grande échelle. Ceci risque de jouer au détriment des petits producteurs désorganisés qui n'ont à leur disposition pour produire que deux ou trois hectares de terrain. Si l'on n'y prend garde, ces petits producteurs seront progressivement obligés de vendre leurs terres et de devenir des travailleurs sans terre au service de plus grandes exploitations agricoles. C'est un risque tout à fait considérable qui appelle des solutions en termes de gouvernance des organisations de petits paysans.

 

Le troisième risque, c'est que l'on privilégie les monocultures vouées à l'exportation plutôt que les cultures vivrières destinées à la consommation locale. Privilégier les monocultures vouées à l'exportation risque d'accentuer la vulnérabilité des pays. En effet, puisqu'ils ne produisent pas eux-mêmes, ils sont obligés d'importer la nourriture qu'ils consomment. Dès lors, la volatilité des prix sur les marchés internationaux aura un plus grand impact sur eux. En outre, une différence considérable du pouvoir d'achat entre les pays de l'OCDE et beaucoup de pays en développement signifie que, pour les pays en développement, un marché des matières premières agricoles est beaucoup plus cher. Ils n'ont pas les moyens, comme nous, d'acheter les denrées agricoles lorsque celles-ci sont mises sur les marchés internationaux.

 

La quatrième difficulté sur laquelle j'attire votre attention dans l'idée de la révolution verte, c'est la question de la biodiversité. La biodiversité doit être absolument préservée parce qu'elle est la source de progrès agricoles pour l'avenir. Si certaines cultures sont menacées, elle peut aussi être une "bouée de sauvetage" lorsqu'il faut développer des alternatives. Or, cette biodiversité est menacée gravement par la progression des monocultures dans les pays qui sont brutalement amenés à faire "table rase", faire "place nette" pour des grandes monocultures d'exportation. Il faut donc être attentif à l'impact de la révolution verte, telle que certains voudraient la voir se développer à grande vitesse sur le continent africain.

 

Il y a ces deux modèles alternatifs: le modèle AGRA – alliance pour la révolution verte en Afrique - et le modèle proposé par beaucoup d’organisations de la société civile qui étaient présentes à Rome.

 

Il y a là-dessus une réflexion en cours depuis 4 ans par des experts internationaux qui ont publié en avril dernier à Johannesburg un rapport qui est un peu l’équivalent du rapport du groupe inter-gouvernemental sur le changement climatique que vous connaissez. Ce rapport s’intitule: "Évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement". Il s'agit des résultats de 4 années de travail par 400 experts de l’agriculture et de l’alimentation qui ont dit: "Attention! Il faut privilégier l’agroécologie, il faut être attentif à l’impact social de la transformation trop rapide du secteur agricole, il faut développer une forme d’agriculture respectueuse de l’environnement et être attentif à ses impacts sociaux."

 

Ce rapport existe. 57 gouvernements ont approuvé ses conclusions à Johannesburg en avril dernier.

 

Que voit-on dans les discussions de Rome? Silence radio. Aucune mention n’est faite de ce rapport. On ignore ses conclusions. Peut-être parce que ces conclusions ne plaisent pas à tous ou parce qu’au cours des travaux ayant conduit à cette évaluation internationale, certaines multinationales se sont désengagées, craignant que les conclusions ne rejoignent pas leurs intérêts.

 

Je termine en disant en 4 phrases ce qui à mon sens peut être une manière pour la Belgique de contribuer à ce débat.

 

La Belgique a une forte influence sur ces questions parce qu’elle n’est pas perçue comme menaçante. Si j’ai été nommé par le Conseil des droits de l’homme, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ce n’est pas malgré le fait que je ne sois pas africain ou suisse. C’est grâce au fait que j’étais belge et qu’au fond la Belgique est un pays perçu comme relativement neutre et objectif dans ces discussions. Il faut jouer la-dessus.

 

Notre relative petite taille est un atout dans notre capacité à promouvoir des initiatives qui ne suscitent pas d’emblée le rejet. Alors que si ces initiatives venaient d’autres pays que je ne citerai pas, elles seraient accueillies avec suspicion.

 

Premièrement, la Belgique doit encourager ses partenaires européens à renforcer la part de l’aide publique au développement à l’agriculture. Charles Michel l’a fait en parlant d’un objectif de 10% de l’aide publique au développement à l’agriculture pour 2010. Je pense que c’est effectivement la bonne direction vers laquelle aller. Il faut que les pays en développement comprennent que c’est dans leur propre intérêt et cela correspond d’ailleurs à une stratégie qu’ils ont eux-mêmes approuvée à défaut de toujours pouvoir la mettre en œuvre.

 

Deuxièmement, la Belgique doit forcer un débat sur la reconstitution des réserves alimentaires, des stocks alimentaires, sur le plan régional ou international. Si l’idée a été évoquée par certains intervenants dans les conférences internationales que j’ai mentionnées, elle n’a jamais été approfondie. Jamais personne n’a pris l’initiative d’instruire ce dossier de manière approfondie. Pourquoi la Belgique ne prendrait-elle pas l’initiative de demander à un groupe d’experts de travailler sur la faisabilité de ce scénario qui aujourd’hui n’est exploré de manière approfondie par aucun organisme?

 

Troisièmement. Je vois ici un rôle spécifique pour le parlement. Il faut que les grands acteurs de l’agroalimentaire soient conviés à une discussion ouverte et sans tabous sur sa contribution possible à réaliser le droit à une alimentation adéquate. Dans le cadre de mon mandat de rapporteur spécial, je suis en dialogue avec ces entreprises, j’essaye de les responsabiliser progressivement, j’essaye d’identifier avec elles les bonnes pratiques qui peuvent être développées et la manière dont ces grandes sociétés peuvent non pas tabler sur la vulnérabilité des petits paysans auxquels elles font face mais au contraire renforcer ces petits paysans dans leur capacité à être des interlocuteurs fiables. Ce n’est pas facile. Si le Parlement belge pouvait prendre l'initiative d'organiser une table ronde sur cette question, et m’aider ainsi à créer un climat de discussion serein, je pense que ce serait pour moi d’une grande utilité et que ce serait pour nous tous une occasion unique d’avoir une discussion plus facile à conduire que si moi-même ou d’autres, toujours soupçonnés de partialité, en prenaient l’initiative.

 

Enfin, quatrièmement, c’est le plus important à mes yeux. Dans l’immédiat, il faut d’urgence renoncer à cet objectif absolument irréaliste et contre-productif, que l’Union européenne s’est donné en termes d’utilisation d’agrocarburants dans le transport.

 

Cette politique est littéralement meurtrière, pardonnez-moi l'expression!

 

Les biocarburants impliquent que l'on demande à des petits paysans de pays comme la Colombie, en Amérique latine, comme la Malaisie, l'Indonésie d'accepter de renoncer à faire ce qu'ils faisaient parfois depuis des générations pour produire, nous nous, des matières premières destinées à permettre le fonctionnement de nos automobiles. Il s'agit pourtant de terrains arables qui peuvent servir à produire des denrées alimentaires, qui ont d'ailleurs parfois servi à alimenter les marchés domestiques. Ne nous faisons pas d'illusion: la terre arable dans le monde n'est pas extensible à l'infini. En fait, elle n'augmente pas. Au contraire, elle rétrécit suite au changement climatique. Tout hectare de terrain réservé à la production d'agrocarburants est un hectare perdu pour la production alimentaire.

 

Pour ma part, j'estime que le signal donné par l'Union européenne aux marchés internationaux en insistant sur le maintien de cet objectif chiffré est extrêmement négatif, qui ne sert en rien la cause du changement climatique. Les rapports d'experts se multiplient. Il est temps que le Conseil de l'Union européenne s'en rende compte.

 

(Applaudissements)

(Applaus)

 

De voorzitter: Professor De Schutter, ik dank u voor uw merkwaardig verslag en zeker ook voor de heel concrete aanbevelingen die u op het einde gedaan hebt naar regering en Parlement. Wij zullen die zeker ter harte nemen, niet alleen in de discussie die wij straks zullen hebben, maar ook in de besluiten die wij uit deze ontmoeting zullen trekken in de komende periode.

 

Ik stel voor dat wij onmiddellijk overgaan tot de uiteenzetting van de heer Philip Mikos. Daarna zullen wij de gedachtewisseling hebben die wij hadden geprogrammeerd in de agenda.

 

01.02  Philip Mikos: Monsieur le président, je vous remercie pour l'invitation. Pour moi, c'est une grande première. Il est très intéressant de voir un parlement national à l'œuvre après avoir vu à plusieurs reprises le Parlement européen en fonctionnement.

 

Il est très difficile de parler après Olivier De Schutter car, outre son éloquence, il a abordé la majeure partie des points de mon exposé. Je ne vais donc pas vous répéter l'analyse qui, comme il l'a mentionné, est commune à l'ensemble des intervenants. Je vais peut-être davantage me concentrer sur la réponse européenne et reprendre certains des points soulevés par M. De Schutter, notamment sur les biocarburants, qui remettent en cause la politique européenne.

 

Pour ma part, je ne suis pas à la Commission dans le département Énergie ou Environnement. Je suis responsable pour des politiques de développement. Je vais donc peut-être pêcher en dehors de mes eaux, mais ce seront des éléments complémentaires peut-être utiles à nos discussions.

 

Nous avons une évaluation semblable de la gravité de cette crise.

 

Cette évaluation est partagée et la Commission, par ses standards, a répondu très rapidement à cette crise, en mettant en branle une série de mesures, de propositions qui ont été présentées au Conseil et qui ont donné lieu à des conclusions de ce dernier. Toutefois, dans notre appréciation de la crise, nous ne parlons pas de crise alimentaire. C'est une crise et en tant que telle, elle nécessite des réponses rapides; mais selon nous, il s'agit plus d'une crise d'accès que d'une crise de production, de disponibilité.

 

Il est vrai que les stocks ont diminué substantiellement. Il est vrai que les quantités disponibles ne sont pas équitablement distribuées mais il est également vrai qu'il y a suffisamment à manger pour l'instant.

 

Ce qui a été extrêmement dangereux et grave dans cette crise, c’est la volatilité. Olivier De Schutter a très bien mentionné les différents facteurs qui ont accentué cette volatilité dont la spéculation. Cette volatilité ne permet pas de programmer, ne permet pas d’investir en confiance et ne permet pas de répondre en confiance, ce qui est le facteur le plus désarmant et le plus grave dans la crise.

 

Il est vrai que cette crise intervient après vingt ans de désinvestissement de l’agriculture. En deux mots, comment est-ce arrivé? Je dis cela afin que l'on essaie d'éviter de répéter les mêmes erreurs dans d’autres secteurs. Dans les années '80, les ajustements structurels ont démantelé la participation de l’État dans les investissements économiques dans les pays en développement, certainement avec des raisons. Ces dépenses d'États très interventionnistes étaient complètement démesurées par rapport aux revenus, ce qui déstabilisait l’économie de ces pays. On a donc assisté à la privatisation de ce qu’on appelle dans les pays anglo-saxons les "marketing boards", offices de commercialisation qui étaient aussi ceux qui distribuaient les intrants aux agriculteurs, ceux qui rachetaient la production, ceux qui vendaient la production à l’étranger.

 

L’hypothèse, qui s’est révélée fallacieuse, en Afrique du moins, était qu’avec le retrait de l’État, le secteur privé allait prendre la relève. Le secteur privé ne l'a pas fait. C'est ainsi que les agriculteurs africains en particulier se sont retranchés derrière un besoin de subsistance. Ils se sont progressivement repliés sur eux-mêmes en réduisant leur capacité d’intervenir sur les marchés nationaux et étrangers. En parallèle, la libéralisation a fait que ces pays sont devenus de plus en plus dépendants des importations.

 

Il en résulte la situation actuelle que l'on devait prévoir, comme vous l'avez dit à juste titre. Dans une certaine mesure, on a prévu – mais sans doute trop tard - ce déséquilibre entre l'offre et la demande, entre la production interne et les besoins liés aux importations.

 

Ce qui a été surprenant pour les organes décideurs et pour ceux qui travaillent dans la coopération, c'est plus la rapidité avec laquelle la crise s'est produite et son amplitude que la crise elle-même. Les facteurs parallèles qui ont tous joué dans le même sens ont certainement contribué substantiellement à augmenter cet impact.

 

Qu'a fait la Commission? Elle a répondu et tenté de définir une stratégie de réponses internes mais aussi externes et a confirmé à nouveau les objectifs des biocarburants. J'en dirai un mot dans quelques instants. La Commission a surtout défini une réponse externe. Cette réponse s'articule essentiellement sur trois axes principaux. Elle n'est pas révolutionnaire par rapport aux réponses de la communauté internationale, ce qui en soi est une bonne nouvelle! Elle s'articule autour des réponses immédiates à court terme; c'est en grande partie la réponse humanitaire. Cette réponse n'est certainement pas la plus durable mais bien la plus dangereuse parce qu'elle risque de créer une dépendance par l'aide alimentaire. Elle est néanmoins nécessaire dans un certain nombre de pays mais nous croyons qu'elle doit s'accompagner de la mise en place de "filets de sécurité", de mesures sociales, pour pallier les besoins de la population la plus pauvre et la plus démunie qui est consommatrice nette.

 

Cette hypothèse est à mettre en parallèle avec l'appel à plus d'investissements dans l'agriculture. On nous a toujours répondu que l'agriculture n'était pas rentable; il suffit de regarder les prix!

 

Effectivement, au cours des dix dernières années, les prix ont été dramatiquement faibles et bas pour les différentes raisons que nous connaissons.

 

Pour les pays en développement qui avaient deux options - l'une d’importer à bas prix et l’autre d’investir et de dépenser pour produire de façon concurrentielle - le choix était immédiat et direct: importer à bas prix.

 

Des prix élevés sont quand même une bonne nouvelle pour les agriculteurs avec tous les (…) que M. De Schutter a mentionnés. Mais, à notre avis, ce ne sont pas des raisons suffisantes pour l’Afrique, région du globe qui part d’une situation plus défavorisée que d’autres dans cette course à la production. En Afrique, sans un marché national et régional, l’agriculture ne sera pas relancée. Il n’y aura pas d’investissement dans l’agriculture: du micro-investissement individuel par du micro-crédit au macro-investissement public y compris des banques internationales de développement qui regardent à la rentabilité des investissements. Ces investissements ne se feront pas.

 

Pour l’Afrique, sans viser l’autosuffisance, une plus grande autonomie est indispensable si l’agriculture et l’économie de ces pays doivent être stabilisées.

 

Il faut donc tout d’abord apporter une réponse à court terme, comme je l’ai dit, mais aussi une réponse à moyen terme.

 

La question des stocks alimentaires s’est posée. Les stocks alimentaires sont une arme à double tranchant. Ils ont créé énormément de problèmes en ce qui ce concerne leur gestion dans le passé. Les stocks alimentaires au niveau national ne sont peut-être pas la réponse économiquement la plus efficace. Des stocks alimentaires régionaux peut-être, des stocks internationaux certainement, en combinaison avec des instruments financiers tels des assurances ou des mécanismes de marché des cours à terme ou des investissements à terme peuvent compenser en cas de manque de production.

 

Mais c’est certainement un instrument à reconsidérer et à réévaluer. Une discussion à ce sujet serait certainement intéressante.

 

Nous sommes dans le moyen terme. Le moyen terme comprend également une relance de la production immédiate. La FAO fera sous peu un appel pour des financements afin de distribuer des semences destinées à relancer la production de la prochaine campagne. Nous parlons là des deux ou trois prochains mois.

 

À long terme, la réponse est clairement l'agriculture: une agriculture durable, une agriculture soutenable tant socialement qu'environnementalement. Ici, tous les problèmes soulevés sont d'actualité: le rôle des OGM, le rôle d'une agriculture intensive vis-à-vis d'agricultures plus extensives et le rôle du marché.

 

Très souvent, quand on parle de marché et de commercialisation de produits agricoles, on pense au marché international. On a entretenu ce mythe pour le paysan africain qu'il avait accès directement à un marché international riche, qui aurait pu payer n'importe quel produit. Et, en effet, le marché se développe et on se rend compte que c'est le producteur qui est mis sous le poids de devoir contenir ses dépenses. La filière verticale s'intègre et le poids de la contraction des coûts est répercuté directement sur le producteur.

 

On oublie trop souvent les marchés régionaux. Ce sont des marchés qui peuvent être tout à fait concurrentiels et intéressants pour les producteurs parce qu'ils sont basés sur des productions souvent comparables. Ce sont des marchés dont les producteurs peuvent connaître beaucoup plus facilement les règles.

 

Dernier point: la coordination et l'association de producteurs pour renforcer leur capacité de négociation sont évidemment fondamentales dans ce domaine.

 

Quel peut être le rôle du donateur dans ce domaine? Il est évident que notre rôle est de financer, de contribuer à l'effort, qui ne doit pas être un effort occidental, mais tout d'abord un effort des pays. Il faut qu'on puisse non pas, nous, arriver avec des recommandations et des initiatives "top down", mais appuyer des initiatives nationales.

 

La coordination des Nations Unies à Rome, malgré les défaillances du cadre commun d'action, a été exemplaire. Pour une fois, la communauté internationale a été guidée par une vision commune. La Commission encouragera les États membres à agir dans le même sens d'une coordination qui doit se développer essentiellement au niveau national.

 

Dans une situation de crise, il faut éviter d'inventer de nouveaux instruments et des fonds verticaux. La dernière fois qu'une telle crise s'est produite, ce fut en 1974. Pour y répondre fut créé le FIDA. Toutefois, un semblable outil ne résoudra pas les problèmes sans la volonté politique des États et des bailleurs de fonds d'augmenter les investissements au niveau national.

 

Le travail d'évaluation des besoins nationaux permet aussi d'identifier les recettes appropriées à chaque pays. Nous ne pouvons pas appliquer une recette unique, parce que les situations diffèrent. Les pays qui exportent du pétrole n'affrontent pas les mêmes problèmes que ceux dont la balance des paiements est en déficit. C'est pourquoi le travail d'évaluation est important pour définir des stratégies idoines. Bien entendu, elles doivent s'appuyer sur la sécurité alimentaire, le droit à l'alimentation et les principes qui ont été entérinés par la communauté internationale, mais qui n'ont pas été très présents à Rome, il est vrai.

 

Cette réponse internationale doit être d'ordre financier, mais doit aussi correspondre à une vision commune, que l'Union européenne devra construire. L'appui de la Belgique est naturellement le bienvenu à cet égard.

 

Il faut une vision commune qui permette de partager non seulement les recettes ou les réponses, mais aussi la responsabilité financière pour les interventions.

 

La Déclaration de Paris et la répartition du travail entre les États membres et la Commission ont fait l'objet de décisions qui ont été prises au plus haut niveau et qui nous permettent d'intervenir de façon différenciée. Ainsi si un État membre a une expertise et une expérience de terrain dans un pays donné, la Commission ou les autres États membres doivent être prêts à déléguer la mise en œuvre de leur programme. Il est donc non seulement question d'une coordination au niveau international, mais aussi d'une coordination plus renforcée au niveau européen.

 

En Afrique, depuis quatre ans et de façon plus active depuis deux ans, le "Comprehensive Africa Agriculture Development Programme" (CAADP) travaille de façon consensuelle avec les différentes parties prenantes au niveau de chaque pays à l 'élaboration de politiques et de stratégies agricoles.

 

Comme je l'ai déjà dit, nous y avons peut-être pensé trop tard, même si nous travaillons sur cette question depuis quelques années. Ce ne sont pas des politiques et des stratégies qui peuvent être mises sur pied en quinze jours. Elles nécessitent du temps si on veut que les agriculteurs puissent participer à la définition de ces politiques au même titre que la société civile, les donateurs et les gouvernements.

 

Ce travail est en cours. Il ne faut pas céder à ce que le directeur du Fonds africain pour la Recherche agricole (FARA) a appelé la "panique des donateurs". Il faut réagir, mais dans le cadre des structures mises en place, et notamment du CAADP qui est conduit, avec un sens puissant d'appropriation, par les Africains.

 

Pour apporter une réponse financière, nous avons mobilisé plus de ressources. Nous avons pu réunir 500 millions dans le court terme et nous mobiliserons probablement plus. Nous allons considérer la possibilité – et nous allons demander l'appui des États membres en ce sens – d'utiliser une partie des ressources, qui n'ont pas été dépensées grâce à l'augmentation des prix dans le cadre de la politique agricole commune et dans les restitutions aux exportations, pour l'appui aux pays en développement. Cette proposition est en gestation. Elle pose des problèmes d'un point de vue administratif et financier mais n'est pas impossible à mettre en œuvre. La Commission fera des propositions en ce sens.

 

En ce qui concerne les biocarburants, les objectifs sont problématiques. La Commission a revalidé sa politique. Sa position est de ne pas changer au premier coup de boulet, mais cette politique présente des risques importants. Elle est liée à ce que M. De Schutter a mentionné: la provenance des biocarburants et la manière dont ils sont produits. Mais si on arrive à mettre en place une production de biocarburants, qui soit durable environnementalement et socialement, on dispose peut-être des éléments pour une quadrature du cercle.

 

Les agrocarburants, comme il convient de les dénommer, ne sont pas tous mauvais. Certains sont assurément meilleurs que d'autres. Le Brésil, l'Inde et d'autres pays nous ont présenté des arguments très forts en ce sens à Rome. On ne peut mettre en parallèle, du point de vue environnemental, l'éthanol produit à partir de la canne à sucre brésilienne avec celui produit à partir du maïs aux États-Unis. Il n'empêche qu'il est important de refléter l'impact de ces objectifs sur la flambée des prix. L'impact a probablement été important, parce que la volatilité était très élevée. En absolu, l'impact de la politique européenne n'aurait pas été substantiel, mais il a donné un signal d'une tendance qui, cumulée à d'autres facteurs, en a encore amplifié les effets.

 

La Commission n'a pas révoqué sa politique, mais elle lui a associé des critères de durabilité. Les agrocarburants importés en Europe doivent satisfaire à un certain nombre de critères pour être comptabilisés dans les 10% des objectifs. Ces critères sont environnementaux et sociaux. Nous pensons qu'ils nous fournissent les outils pour limiter les impacts. La Commission a proposé d'étudier plus en détail la question et le fera dans les mois qui viennent.

 

Pour terminer, quelles pistes pouvez-vous suivre pour influencer le débat international? Mes idées ne font que compléter celles qui ont été avancées par M. De Schutter. Du point de vue de la coopération internationale, l'importance de la coordination et de la réponse coordonnée est cruciale. Des objectifs comme ceux annoncés par le ministre Michel sont importants car ils donnent un signal.

 

Si on ne fait pas attention, on risque d'intervenir tous dans les mêmes pays, les plus frappés par la crise, mais on trouvera dans tous les pays des populations pauvres touchées par la crise. Une coordination internationale est fondamentale si on veut avoir une réponse efficace: une réponse coordonnée au niveau national dans le cadre de coordinations existantes et une réponse qui vienne en appui des politiques nationales.

 

Le dialogue avec le secteur privé me semble aussi fondamental pour répondre à la question de l'intégration verticale et à la question de la façon dont le secteur privé intervient directement sur les producteurs, que ce soit sous l'angle de la "corporate social responsability" ou d'une discussion plus interne au secteur privé. Ce sont des éléments importants pour créer une réflexion au sein des entreprises.

 

J'ai indiqué que l'aspect financier était important mais ce ne sera pas la seule réponse. Il faut qu'on soit en mesure de le rendre efficace et, dans ce cadre, la collaboration avec les Nations Unies et au sein de l'Union européenne est fondamentale.

 

De voorzitter: Ik bedank de heer Mikos voor zijn heldere uiteenzetting en voor de suggesties die hij op het einde aan onze Kamer heeft gericht.

 

Dames en heren, beste collega’s, het ogenblik is aangebroken voor een gedachtewisseling. Ik herhaal: wij zullen in een volgend stadium – het zullen dan alleen de parlementsleden zijn – de conclusies trekken. Er zijn al enkele suggesties geweest, die wij eventueel in de vorm van een motie of een resolutie zullen formuleren, gericht aan het beleid. Daar zijn wij vandaag niet aan toe.

 

Voor wie opmerkingen wil maken of aanvullingen formuleren of ideeën lanceren, is het moment gekomen. Ik wil alleen vragen dat zij die het woord nemen, zeggen wie zij zijn, want een aantal onder ons is geen parlementslid en behoort tot de wereld van de ngo’s of tot een andere administratie. Zo weet iedereen met wie hij te maken heeft.

 

01.03  Jean Cornil (PS): Monsieur le président, je voudrais remercier nos deux intervenants pour la qualité et la profondeur de leurs analyses et je voudrais leur poser trois questions complémentaires.

 

Comme vous l'avez dit, monsieur le président, ce n'est pas le moment d'élaborer des propositions complémentaires, ce qui se fera ultérieurement dans l'enceinte parlementaire. Premièrement, pour M. De Schutter, j'ai analysé les documents remarquables que nous avons reçus à la FAO à Rome, puisque j'avais la chance de représenter la Chambre au sommet de Rome. Dans un document d'analyse des politiques mises en œuvre par plusieurs États, on exprime très clairement que la plupart des mesures dans 75 pays concernent la réduction des taxes sur les céréales alimentaires, l'augmentation des approvisionnements en puisant dans les stocks et les restrictions d'exportation. D'après la FAO, ce sont les mesures prises jusqu'à présent.

 

Monsieur De Schutter, vous avez dit qu'un des enjeux pour lesquels la Belgique pourrait jouer un rôle est la constitution de stocks au niveau régional, voire au niveau international, ce qui entraînerait également un effet bénéfique pour la lutte contre la spéculation. Quel est le degré de réalisme, de vraisemblance, malgré les progrès dans la concertation internationale en la matière? Hier encore, je regardais les images de la famine qui menace en Éthiopie et dans le nord du Burkina Faso. À court terme, la constitution de stocks est-elle plausible en termes de relations internationales? On en a peu parlé mais quels liens faites-vous avec l'OMC, le Doha Round et l'évolution de la négociation sur la liberté commerciale?

 

Une deuxième question adressée à M. Mikos de la Commission européenne. Je ne partage pas votre point de vue sur les agrocarburants, notamment à la lumière des débats dans les différentes commissions de ce parlement. Pouvez-vous répondre à l'argumentation de M. De Schutter sur l'importation de l'huile de palme? Il y a un lien très clair entre l'importation de l'huile de palme et la déforestation dans certains pays du Sud-Est asiatique, dont l'Indonésie.

 

Enfin, une dernière question plus générale pour nos deux intervenants. Un problème qui me frappe et qui n'est jamais abordé est celui de la structure des habitudes alimentaires des habitants du Nord. Ce point n'apparaît jamais nulle part. Je ne me livrerai pas ici à une sorte d'éloge de la décroissance sélective entre les pays du Sud et les pays du Nord mais à la lecture de certains experts – et je me réjouis à ce propos de pouvoir lire le rapport cité par M. De Schutter et approuvé par 57 gouvernements à Johannesburg –, il me paraît clair qu'en termes de protéines, les pays du Nord consomment trop. Rien n'apparaît dans les différents débats ni dans la déclaration finale du sommet de la FAO à Rome sur les campagnes d'éducation à l'alimentation.

 

On sait que cela a des conséquences, il suffit de comparer dans notre pays l'augmentation du nombre d'enfants obèses par rapport à il y a vingt ans. À propos spécifiquement des pays du Nord, je me demandais si le fait de modifier, à terme, nos habitudes alimentaires ne serait pas une piste indicative pour nos gouvernements. Il faudrait essayer d'entrer dans une logique de diminution de notre empreinte écologique tout en augmentant l'indice de développement humain dans les pays en voie de développement.

 

Le président: Je suggère à nos deux invités de répondre aux questions après l'intervention de quatre ou cinq orateurs.

 

01.04  Yves Somville: Monsieur le président, je fais partie de la Fédération wallonne de l'agriculture et je suis un des cosignataires du document qui a été distribué et qui s'intitule "La crise des prix alimentaires appelle à une autre gouvernance de l'agriculture".

 

Je voudrais remercier les deux orateurs pour la qualité des exposés.

 

Je voudrais formuler deux remarques. La première est davantage destinée à M. De Schutter, qui a abordé à plusieurs reprises l'aspect de la volatilité des prix suite à la crise actuelle. Il a dit que la volatilité était essentiellement issue de la spéculation. Je dirais qu'outre à la spéculation, la volatilité est également liée à la spécificité de l'agriculture qui dépend des conditions climatiques. Il a très peu abordé la disparition d'une série de mécanismes de régulation de marchés, tant au niveau de l'Union européenne qu'au niveau international. Je voudrais avoir son avis là-dessus.

 

La deuxième remarque est destinée à M. Mikos. Il a évoqué l'aspect de la libéralisation en disant qu'elle était responsable, notamment pour les pays africains, d'une plus grande dépendance aux importations. Je peux partager son analyse. Il a également dit qu'en Afrique, sans marché, l'agriculture ne pourrait pas être relancée parce que les investissements ne seront pas présents. Suite à ces deux affirmations, M. Mikos est-il favorable ou défavorable à l'ouverture totale des marchés prônée au plan international?

 

01.05  Georges Dallemagne (cdH): Monsieur le président, je remercie à mon tour les orateurs qui ont fait des exposés extrêmement clairs et précis sur l'ampleur de la crise, ses causes et ses conséquences, et les réponses qu'on peut y apporter.

 

Sur la question du court terme et de la réponse immédiate à la crise alimentaire mondiale, je voulais savoir si M. De Schutter pensait que la réponse actuelle était adéquate et suffisante, notamment la réponse de la Belgique à l'appel lancé par la FAO et par le PAM. Est-une réponse assez consistante?

 

Que pensez-vous de la nécessité d'accorder au programme alimentaire mondial un budget récurrent, structurel, ordinaire, alors qu'aujourd'hui, les fonds du PAM dépendent essentiellement de ses appels et de la lenteur parfois à constituer ces fonds ainsi que de la lenteur de la réponse internationale qui ne lui permet pas d'être à même de répondre systématiquement en temps voulu vis-à-vis de certaines crises? Quelles sont les meilleures modalités pour y répondre? S'agit-il de répondre au niveau des prix pratiqués sur les marchés locaux? S'agit-il d'apporter une aide alimentaire en nature?

 

Vous avez tous les deux à peine effleuré la question des subventions et de la politique agricole commune. M. De Schutter parlait de tabou; je ne sais si ce sujet en est un. Or, la discussion de ce jour est plutôt franche et ouverte, notamment sur les subventions à l'exportation, mais aussi sur d'autres types de subventions. Quel est votre avis sur la question et sur la distorsion que cela peut provoquer en matière de concurrence, notamment par rapport à d'autres producteurs en dehors de l'Union européenne?

 

Ma troisième question concerne l'hyperconcentration de l'industrie agroalimentaire. Monsieur De Schutter, vous en avez appelé à un grand forum de bonnes volontés. Personnellement, je comprends que vous en restiez là, mais connaissant les intérêts des actionnaires de ces grandes industries agroalimentaires, qui sont parfois même complètement déconnectés d'un projet industriel, je pense que cela ne fonctionnera pas. Je pense qu'il faut accomplir un pas supplémentaire. Je me souviens avoir invité dans cette même salle M. Van Miert, qui disait "Il faudrait pouvoir transposer au plan international ce qui existe au plan européen en matière de concurrence, de lutte anti-dumping, de lutte sur les ententes au niveau des prix, etc". Est-ce totalement inimaginable ou peut-on avancer dans une régulation internationale beaucoup plus forte pour éviter cette hyperconcentration et ses effets extrêmement néfastes sur les politiques de prix, notamment des matières agricoles.

 

Je ne reviens pas sur la question des stocks, qui a déjà été posée.

 

En ce qui concerne les produits agricoles dans les ACP, une discussion est en cours sur les accords de partenariat économique. Ne faudrait-il pas traiter spécifiquement les produits agricoles avec des règles particulières, étant donné que nous avions pu organiser notre propre sécurité alimentaire au niveau européen grâce à des mécanismes qui permettaient de la protéger. Le commissaire Louis Michel a relevé ce point également. Il faudrait prévoir de semblables mécanismes dans le cadre des APE.

 

Quant à la question de la biodiversité, des mesures fortes sont-elles prévues pour la protection des forêts primaires et pour contrer l'éradication de ces forêts au profit des biocarburants dans les pays qui ont été cités, mais aussi en Colombie par exemple? Nous avons récemment reçu une délégation d'une ONG colombienne, qui nous a alertés des conséquences de la culture de palmiers à huile en Colombie.

 

De voorzitter: Aangezien elke intervenant een hele reeks vragen stelt, stel ik voor de eerste ronde wat in te korten. Zo niet zal men veel vragen te kort doen. Ik stel voor nu het woord te geven aan de heer Van der Maelen en de tweede ronde te beginnen met mevrouw Gerkens, en daarna mevrouw Van der Straeten en de anderen.

 

01.06  Dirk Van der Maelen (sp.a+Vl.Pro): Mijnheer de voorzitter, ik zou graag van professor De Schutter wat tekst en uitleg krijgen bij een van de factoren die een verklaring vormt voor de prijsverhoging, met name de speculatie. Verleden week heb ik deelgenomen aan een seminarie van de OESO in Parijs, waar het punt ook op de agenda stond. Zelfs in die kringen was er een algehele consensus over het feit dat speculatie zeker een rol speelt in de verhoging van de voedselprijzen. De percentages varieerden wel, maar iedereen was het erover eens dat speculatie een rol speelde.

 

Welnu, uit wat professor De Schutter zegt, leid ik af dat hij in twee remedies voorziet. De eerste remedie zou erin bestaan, als er prijsverhogingen zijn, de stocks op de markt te brengen en daarmee de prijzen naar omlaag te brengen. Over de tweede remedie heeft ook de vertegenwoordiger van de Europese Commissie het gehad, met name het inspelen op het geweten, corporate social responsibility, maatschappelijk verantwoord ondernemen door de spelers.

 

Persoonlijk vind ik dat nog wat zwak. Ik zou de professor willen vragen of hij ons meer informatie kan geven waarom op de FAO-top in Rome dat hoofdstuk is verdwenen. Ik sta hierin immers niet alleen. Ik verwijs naar wat Jean-Claude Juncker heeft gezegd. Hij is tot en met verontwaardigd over het gedrag dat sommigen aan de dag leggen.

 

Mijnheer De Schutter, u hebt gezegd dat er vijfmaal meer geld omgaat in fondsen gelieerd met landbouwgrondstoffen. In Parijs zegden echter verschillende specialisten dat het eigenlijk heel simpel is. Ten gevolge van grote winsten die worden gemaakt, hebben banken grote middelen beschikbaar. Wegens supprimecrisis kunnen ze daarin niet meer investeren en gaan ze naar de landbouwgrondstoffen. Volgens de specialisten die daar aanwezig waren, gaat in een paar maanden tijd in het verhandelen van landbouwgrondstoffen zeven keer meer geld om dan een paar maanden geleden.

 

Als Jean-Claude Juncker het heeft over - ik citeer hem – “roofvogels of criminelen”, dan wil dat toch wel iets zeggen. Ik denk niet dat we Jean-Claude Juncker kunnen beschouwen als zijnde een zeer links, ideologisch of fundamentalistisch gedreven persoon.

 

Een reactie die bestaat uit het aanleggen van stocks, in die zin dat men pleisters probeert te leggen op de nefaste gevolgen van gedragingen van spelers die momenteel grof geld verdienen aan de miserie van anderen, vind ik nogal zwak. Men moet niet hopen dat men maatschappelijk verantwoord ondernemen, corporate social responsability, mag verwachten van dit soort spelers. We hebben het ook gehad over de financiële crisis en 60% van de daar aanwezige experts waren van oordeel dat men meer nodig heeft dan soft law om dat te reguleren.

 

Nu komt mijn vraag aan professor De Schutter. Als ik mij niet vergis, voorziet artikel 11 van het internationaal verdrag voor de sociale, economische en culturele rechten, dat België samen met vele andere landen heeft geratificeerd, in een recht op voedsel voor iedereen. Bestaat er, vertrekkend van dat artikel 11, een kans dat we komen tot een humanisering van de markt, dat we kunnen komen tot afspraken binnen de Europese Unie, en liefst zelfs mondiaal, om paal en perk te stellen aan het roofvogelgedrag dat sommigen momenteel aan de dag leggen?

 

De voorzitter: Ik stel voor dat wij de eerste ronde afsluiten en dat ik het woord geef aan de twee sprekers die deze namiddag werden uitgenodigd, om te antwoorden op de gestelde vragen en om commentaar te geven.

 

01.07  Olivier De Schutter: Monsieur le président, Jean Cornil et Dirk Van der Maelen ont l'un et l'autre posé la question des moyens pour lutter contre la spéculation.

 

Dans le cadre de mon mandat, j'examine trois pistes pour ce faire.

 

La première est celle de la taxation des mouvements spéculatifs sur les marchés des matières premières agricoles, solution à laquelle certains États songent. Je pense en particulier au fait que le gouvernement indien cherche à faire passer cette mesure, bien qu'elle risque de faire fuir les investisseurs vers d'autres places financières que celle de Mumbai. La difficulté de cette piste est évidemment la nécessité d'une coordination internationale. C'est la raison pour laquelle cette initiative est politiquement la moins réaliste.

 

La deuxième piste est celle que j'ai évoquée et que plusieurs experts – que je ne suis pas en matière de marchés financiers – recommandent comme étant la plus efficace et la plus réaliste. Il s'agit de la constitution d'un fonds mondial qui permettrait de mettre en pièces la spéculation lorsque les mouvements sur les marchés des matières premières agricoles sont trop volatiles. Ce fonds mondial doit être conçu à la manière d'une banque qui n'aurait pas à avoir une couverture, en termes d'actifs réels, de plus de 10 à 15% mais qui pourrait fonctionner comme une sorte de banque alimentaire pour les pays qui font face à des hausses de prix alimentaires et qui devraient pouvoir être aidés. Cela aurait un effet immédiat de diminution des prix lorsque ceux-ci montent trop rapidement.

 

C'est une piste qui est explorée, notamment par l'institut de recherches "International Food Policy and Research Institute". J'étudie cette piste aussi en collaboration avec d'autres personnes qui sont, elles, éminentes dans ce domaine. Ce sont d'ailleurs d'anciens spéculateurs. On ne fait pas de meilleur garde-chasse qu'avec un braconnier.

 

La troisième piste est celle des accords de stabilisation sur les marchés des matières premières agricoles. Ce sont des accords qui existaient dans les années 1970 et qu'on a peu à peu démantelés. Cette piste consisterait à réguler l'offre et à conclure des contrats entre les pays importateurs et les pays exportateurs pour certains produits agricoles.

 

Je pense qu'à ce niveau aussi la difficulté principale est que je ne ressens pas, dans les prises de position qu'ont eues les gouvernements jusqu'à présent, un enthousiasme pour ce retour à cette régulation des marchés des matières premières agricoles.

 

Pour moi, il est un peu tôt pour prendre position sur chacune des trois pistes. Je voudrais simplement indiquer que j'explore ces pistes. J'aurai à faire des recommandations au Conseil des droits de l'homme au mois de septembre. Je vous donnerai ces rapports lorsqu'ils seront finalisés.

 

Pour répondre à la question de M. Cornil sur les habitudes alimentaires des pays du Nord, je crois que, dans les années qui viennent, nous allons devoir envisager la consommation de viande de la même manière que l'utilisation de la voiture individuelle pour se rendre au travail. Il ne faudra y avoir recours que de manière exceptionnelle, lorsqu'on n'a pas d'autre solution. Mettre en accusation la Chine, l'Inde, le Brésil parce que leur niveau de vie croît et que leurs habitudes alimentaires changent est contre-productif. Mais nous interroger sur nous-mêmes peut être la bonne façon d'entamer cet examen de conscience, car nous avons de ce point de vue une manière non durable de subvenir à nos besoins.

 

J'ai entendu M. Somville sur d'autres facteurs responsables de la volatilité des prix: la vulnérabilité de l'agriculture face aux phénomènes météorologiques et le risque qu'implique la dérégulation des marchés des matières premières agricoles. Je crois que la troisième piste que j'ai indiquée pour lutter contre la volatilité des prix tente d'y répondre. Je suis actuellement en train d'étudier cette piste.

 

Dans une intervention très intéressante et bien informée, Georges Dallemagne a posé la question de l'aide alimentaire. Bien entendu, celle-ci peut avoir des effets pervers, elle peut créer une dépendance. Lorsqu'il s'agit d'une aide alimentaire donnée en nature, elle peut avoir pour conséquence une concurrence extrêmement néfaste pour les producteurs locaux, avec une chute artificielle des prix sur les marchés locaux qui rend impossible, pour ces producteurs, l'écoulement de leurs récoltes à des prix acceptables. Il faut donc effectivement favoriser l'achat, sur les marchés locaux, de biens alimentaires produits par les producteurs locaux, qui sont alors à redistribuer suivant un ciblage très précis. C'est la politique encouragée par le PAM.

 

L'Union européenne donne des aides en espèces plutôt qu'en nature depuis 15 ans. Les États-Unis sont encore en retard sur ce plan puisqu'ils utilisent l'aide alimentaire comme une manière d'écouler leurs surplus agricoles, ce qui produit des effets pervers.

 

L’autre question très importante que vous avez posée est celle des subventions agricoles. C’est un problème extrêmement complexe et il faut nuancer la réponse. Les subventions dont nos agriculteurs ont bénéficié, notamment à l’exportation, ont été un désastre pour l’épanouissement de l’agriculture dans les pays en développement: 320 milliards de dollars américains sont payés chaque année par les pays de l’OCDE (États-Unis, UE, Japon, Corée du Sud) à leurs agriculteurs. C'est une mise en faillite du système agricole africain, notamment.

 

Il faut changer cela et on l'a fait progressivement. Les subsides à l’exportation ont été peu à peu abandonnés dans le cadre de l’OMC et des engagements pris dans ce cadre notamment par les États de l’Union européenne.

 

Le problème n’est pas tant qu’il y ait des subventions, mais que tout le monde n’en bénéficie pas au même titre. Ce qu’il faudrait, c’est subventionner au même titre les agriculteurs dans d’autres pays que les pays de l’OCDE. Dans les pays de l'OCDE, ce sont les banques centrales ou les ministères des Finances qui se font concurrence plutôt que les producteurs agricoles eux-mêmes.

 

La raison pour laquelle il faut être nuancé est celle-ci. Beaucoup de pays en développement, et notamment les pays d’Afrique subsaharienne, étaient autosuffisants sur le plan alimentaire jusqu’au début des années 1980. Ensuite, ceci étant lié aux plans d’ajustement structurel qui leur ont été imposés, ils sont devenus des pays importateurs nets de nourriture. Ceux-ci sont des pays qui bénéficient de ces subsides qui, de manière artificielle, ces dernières années, ont diminué le niveau des prix des matières premières agricoles sur les marchés internationaux.

 

Le risque, et plusieurs économistes que j’ai consultés sur cette question me le confirment, c’est qu’une suppression des subventions, si elle est trop brutale et si elle n’est pas accompagnée de plans sociaux visant à protéger les populations les plus fragiles des pays en développement qui sont les pays importateurs nets de denrées alimentaires, peut avoir des conséquences très négatives sur leur sécurité alimentaire.

 

Il faut, c’est vrai, aller vers l’abolition ou une diminution très nette des subsides, qui sont des distorsions de concurrence. Mais il faut accompagner cette transformation du renforcement de programmes sociaux visant à protéger la population vulnérable (les consommateurs nets de nourriture dans les pays en développement) et qui permettent de faire face à la montée des prix alimentaires qui va être la conséquence de cette suppression des subsides.

 

Je rejoins MM. Dirk Van Maelen et Georges Dallemagne dans leur scepticisme sur l'appel à la bonne volonté et à la responsabilité sociale des entreprises de l'agroalimentaire comme, d'ailleurs, des fonds d'investissement qui spéculent sur l'évolution des cours des matières premières agricoles. Je crois néanmoins que c'est en identifiant les bonnes pratiques qui existent que l'on peut développer des outils de régulation efficaces. Je pense notamment que certaines sociétés de l'agroalimentaire ont noué avec des producteurs agricoles des rapports qui visent à renforcer la capacité de ces producteurs à faire face aux exigences en matière de volume, de qualité et de standard. Elles ont développé un dialogue avec les organisations de petits paysans. Je pense que ces bonnes pratiques peuvent peu à peu devenir la règle et constituer, par exemple, des critères pour des crédits à l'exportation que l'on voudrait accorder ou pour d'autres types de soutien public.

 

Pour ma part, je voudrais ne pas me couper de ce monde et entretenir un dialogue avec eux qui ne commence pas par une dimension purement confrontationnelle. Je suis cependant bien conscient des limites des approches purement volontaires et permettez-moi de m'en tenir à cela sur ce point.

 

Monsieur Mikos, je vous laisse répondre à la question des APE, d'autant plus que nous sommes probablement d'accord sur ce point. Je vous en prie!

 

01.08  Philip Mikos: Je répondrai donc au sujet des APE et des subventions de la PAC.

 

Il faut voir les APE comme une opportunité de créer un marché viable.

 

Suivant notre position – position souvent mal répercutée ou mal perçue –, il n'a jamais été question d'obliger les pays en développement d'Afrique d'ouvrir leur marché sans condition aux produits européens. Cela signifie que la mise en place d'une politique nationale ou régionale agricole doit impliquer, dans la mesure où cela est viable et économiquement efficace, des mesures de soutien à l'agriculture de ces pays et de ces régions. Ces mesures peuvent porter sur la protection de leur marché. Il ne s'agit pas, en l'occurrence d'une protection pure et dure, mais d'une protection, dans la mesure du possible, limitée dans le temps et liée à des objectifs d'amélioration et de compétitivité de l'agriculture nationale.

 

Il n'est donc pas question de créer des "poches" d'inefficacité, mais d'utiliser les marchés comme moyen de stimulation de la production et de la productivité.

 

Quand on parle d'horizon temporaire, on parle de vingt ans. Il ne s'agit pas d'obliger ces pays à ouvrir leur marché endéans les deux ou trois ans.

 

La position de Louis Michel sur les subsides apportés à l'agriculture de ces pays va dans ce sens. Ainsi, les agricultures se sont effectivement développées grâce aux subsides et elles jouent un rôle qui va au-delà de la simple production; elles jouent un rôle économique et social fondamental. Ce rôle justifie un appui spécifique.

 

Vous aurez donc compris que, pour ma part, je suis favorable à un encadrement des agriculteurs et des agricultures par le biais de politiques viables et proactives.

 

Cela dit, tout dépend également du produit dont il est question. Quand il est question de maïs, de blé, de produits de consommation quotidienne, de "staple food", la situation est différente que s'il était question de produits d'exportation. Autrement dit, quand le fermier ou l'agriculteur africain est en compétition avec des agriculteurs d'autres pays en développement sur des produits comme le cacao ou le café, la protection doit être considérée de façon différente que s'il s'agit de produits alimentaires.

 

Faut-il donc ouvrir totalement les marchés? Oui et non: oui, pour l'ouverture des marchés, car il faut un marché et le marché international fait partie du marché; non, dans le sens où il ne faut pas ouvrir ce marché uniquement pour le fait de l'ouvrir. Il faut ouvrir ce marché pour offrir des opportunités supplémentaires afin que ces agriculteurs soient en mesure de saisir ces opportunités. Ouvrir des marchés sur des agricultures qui n'ont pas eu le temps de se constituer – exemple: les industries naissantes en Asie –, c'est un peu exposer un enfant à une situation qu'il n'est pas en mesure de gérer.

 

Cela dit, et là on entre dans la contradiction inhérente à beaucoup de politiques nationales des pays en développement, les gouvernements, notamment africains, ont deux "constituencies", deux groupes qui les interpellent: un groupe très vocal et très puissant de consommateurs urbains et un groupe très dispersé, peu organisé et pas vocal de producteurs ruraux.

 

Quand vous êtes gouvernant dans une capitale et que vous avez des émeutes de la faim dans les rues, quand vous devez choisir entre protéger les fermiers qui n'arrivent pas jusqu'à votre porte, ou répondre en essayant de faire baisser le prix des denrées agricoles pour calmer l'émeute dans la rue, que choisissez-vous? Vous choisissez une politique de simplicité, c'est-à-dire une politique qui tienne les prix le plus bas possible.

 

C'est la contradiction dans laquelle se trouvent la plupart des gouvernements africains. Cette contradiction, de mon point de vue, ils ne pourront pas la dépasser si ces politiques agricoles qui permettent de relancer l'agriculture, donc de contenir les prix internes, de donner une réponse aux besoins de consommation interne par une production interne, ne se mettent pas en place. Et ces pays resteront alors dépendants des importations. Plus les denrées agricoles seront à bas prix, plus les gouvernements seront contents.

 

Sur la question de l'huile de palme, il ne faut pas confondre ce qui est de notre responsabilité et ce qui ne l'est pas. La Malaisie et l'Indonésie ont de sérieux problèmes de gestion et d'utilisation de leurs ressources naturelles, notamment la forêt tropicale. S'il n'y avait pas l'huile de palme, cette forêt serait utilisée à autre chose, comme en Amazonie. Les problèmes existent et il faut y faire face, je ne les nie pas. Mais il faut savoir ce qui est de la responsabilité communautaire et ce qui est de la responsabilité de gouvernements qui, pour des raisons qui leur sont propres, n'ont pas les moyens de mener une politique en la matière ou ne veulent pas les mettre en œuvre.

 

L'appel d'air qui pourrait être provoqué par la politique de biocarburants européenne peut être réduit par ce système de certification de durabilité de la production dont nous parlions tout à l'heure. Ce n'est pas la solution: la vraie solution est un gouvernement en Malaisie et en Indonésie qui ne provoque pas ces problèmes. Politiquement, dans les échanges et les relations avec ces pays, il y a d'autres moyens que les restrictions ou l'imposition que nous essayons de mettre en œuvre.

 

Je pense entre autres au FLEGT ("Forest Law Enforcement Governance and Trade") par lequel la Commission européenne établit des accords de partenariat bilatéraux avec ces pays pour certifier le bois tropical importé comme bois légal, c'est-à-dire produit dans des conditions respectant le cadre légal du pays. Par ces mesures volontaires et non coercitives, nous voulons introduire un sens de la gestion des ressources naturelles qui est fondamental. Autrement, on peut dresser toutes les barrières qu'on veut: si l'huile de palme n'arrive pas en Europe, elle ira ailleurs. Sans une bonne gouvernance au niveau national, on ne résoudra pas le problème.

 

Je voulais dire un mot sur la question du "World Food Programme" et sur le budget courant du PAM. Oui, nous sommes en faveur d'un budget régulier à disposition du PAM pour une raison très simple: si tel était le cas, il aurait pu faire face bien avant à cette augmentation des prix.

 

Pourquoi? Parce qu'il aurait pu constituer lui-même des stocks d'aide alimentaire à des prix moins élevés que maintenant. Dépendre des donateurs, avec tous les retards que cela entraîne, produit un manque d'efficacité du système.

 

L'aide alimentaire reste, pour nous, un instrument d'urgence. Elle est encore beaucoup utilisée pour financer des programmes de développement comme les cantines scolaires, les soins de santé pour les malades du sida. De notre point de vue, de tels programmes devraient faire partie des politiques d'éducation et de santé de ces pays et non pas être financés par l'aide alimentaire. C'est un autre débat.

 

Je suis loin d'être un expert en matière de spéculation. Malgré tous les dégâts qu'elle peut causer, il y a tout de même un point où elle peut être utile si elle n'est pas excessive. Elle peut servir de régulateur de l'offre et la demande sur le long terme. Par exemple, dans le cas du Malawi ou de l'Éthiopie, ces pays ont acheté à terme sur le marché spéculatif des contrats de livraison d'aliments – blé ou maïs. En cas d'augmentation des prix au-delà d'un certain niveau, ils demandent la livraison de ces contrats. Ils s'approvisionnent en aliments à un prix défini six mois à l'avance.

 

Cela peut être un mécanisme intéressant pour des pays qui ont des problèmes réguliers d'approvisionnement. Cependant, le fait que ce mécanisme utilise la spéculation risque aussi de mener à des dérives.

 

De voorzitter: Ik zal laten noteren wie nu tussenbeide wil komen en dan sluiten wij de lijst volledig af. Voor de tweede ronde staan de dames Gerkens en Van der Straeten al op mijn lijst, maar de andere ingeschrevenen komen zeker ook aan bod.

 

01.09  Muriel Gerkens (Ecolo-Groen!): Monsieur le président, je vais essayer d'aborder d'autres points.

 

Monsieur Mikos, j'aurais aimé vous entendre davantage sur la problématique de la propriété des droits intellectuels qu'impliquent les nouvelles technologies, le recours aux OGM et la sélection des semences en lien avec la biodiversité qui me semble nécessaire à une agriculture qui s'adapte à l'évolution du climat, à celle des populations et aux besoins alimentaires.

 

J'aurais vraiment aimé savoir où en étaient les travaux en la matière. Avez-vous des pistes de réflexion? En effet, j'ai l'impression que tant qu'on n'aura pas osé dire qu'il y a des biens sur lesquels il n'y a pas ce droit de propriété, les autres mesures seront vaines.

 

J'y associe alors ma deuxième réflexion qui est relative aux entreprises agroalimentaires.

 

Depuis que je suis parlementaire, il y a deux ou trois secteurs d'activités qui sont intouchables, parmi lesquels les entreprises agroalimentaires. On en dénombre six en Belgique, multinationales et internationales. Les politiques doivent se donner un réel rôle de régulateur. Pour ce faire, il faut évidemment se donner les outils nécessaires, notamment un accord sur le fait que les éléments du vivant ne peuvent pas appartenir à quelqu'un.

 

J'aurais voulu savoir où vous en étiez dans ce domaine.

 

Il est vrai que j'ai tendance à mettre beaucoup d'espoir dans ce rôle de régulation car je suis convaincue que dès qu'il y a moyen de gagner de l'argent, la spéculation existe. On sait peut-être la réguler mais je ne sais pas si on peut l'interdire. Pourtant c'est ce que j'aimerais, mais je ne suis pas certaine qu'on y parviendra.

 

Nous avons eu un grand nombre de discussions au sein de ce Parlement concernant les critères à imposer lors des échanges, dans l'acceptation ou non d'un produit. Nous avons beaucoup discuté du concept de commerce équitable qui associait l'idée de soutenir les producteurs au respect de toute une série de clauses environnementales, de qualité de produits et de garantie d'un revenu nécessaire et suffisant pour leur permettre de développer leur activité économique mais aussi leur vie en collectivité.

 

On s'est rendu compte que les acteurs économiques étaient d'accord sauf sur la dénomination. Ils voulaient que cela s'appelle "durable" et pas "équitable". Par ailleurs, ils ne voulaient pas être en charge de garantir un revenu minimum considéré comme étant nécessaire. Ils étaient d'accord de donner un peu plus que le prix du marché mais pas d'être d'impliqués dans un processus permettant de garantir un salaire correct aux producteurs.

 

Je suppose que, dans les discussions que vous avez avec les entreprises agroalimentaires, vous devez aborder ces questions. J'aurais donc aimé connaître leur position.

 

Enfin, dernière petite remarque concernant la Commission européenne qui garde ses objectifs d'utilisation de bio ou d'agrocarburants.

 

Ne pensez-vous pas que ce choix repose sur le présupposé qu'on aura de toute façon toujours davantage besoin de matériaux énergétiques et qu'on produira donc toujours davantage de CO2? L'Europe considère qu'il faut préserver des agrocarburants qui nous permettront de ne pas émettre de CO2. Pourtant tous les indicateurs nous semblent démontrer que ce serait bien d'envisager d'abord la diminution de toutes ces consommations et de rendre son rôle alimentaire à la production agricole plutôt qu'un rôle énergétique par le biais des carburants.

 

Je ne sais pas si Patrick Moriau en parlera mais je suppose qu'il serait aussi intéressant, monsieur le président, de pouvoir aborder quelques minutes le Fonds belge de survie qui est un programme, mis en place à partir du Parlement, de soutien aux petits agriculteurs dans leurs collectivités locales.

 

Les évaluations que nous avons de ce programme arrivent à la conclusion suivante: les populations que nous aidons ne souffrent pas de la crise alimentaire actuelle parce qu’elles ont développé des outils de production et une organisation sociale qui permet la redistribution.

 

De voorzitter: Ik zou aan iedereen willen vragen beknopt te zijn. Hiermee bedoel ik niet dat mevrouw Gerkens niet beknopt was, maar wij zouden omstreeks 16.45 uur onze werkzaamheden willen beëindigen. Er is nog een reeks sprekers. Het is te merken dat dit een van de eerste keren is dat wij over dit onderwerp spreken in de Kamer. De belangstelling is groot, maar dat is normaal voor zo’n belangrijk onderwerp.

 

01.10  Tinne Van der Straeten (Ecolo-Groen!): Mijnheer de voorzitter, mijn eerste vraag is ook voor professor De Schutter.

 

Professor, u hebt gezegd dat wij, politici, ons niet mogen beperken tot de onderwerpen die reeds op de agenda staan maar dat wij ook de agenda zelf moeten proberen te herzien. In dat verband had u het over meer nadruk te leggen op voedselzekerheid en op het recht op voedsel, le droit d’alimentation. Is het in dat kader niet een beetje problematisch dat voedsel nog altijd bij de WTO zit? Als wij echt een debat willen over het recht op voedsel, moeten wij dan geen andere internationale organisatie uitbouwen waar de belangen van iedereen worden samengebracht?

 

Ik weet ook wel dat een internationale organisatie niet in een-twee-drie uit de grond wordt gestampt, maar is het thans niet het moment om de vraag te stellen naar de opportuniteit van de discussie of voedsel behouden moet blijven bij de WTO? Moet men niet parallel de discussie opstarten over de wenselijkheid van een andere internationale organisatie of een ander overlegplatform waar dergelijke zaken aan bod kunnen komen?

 

U hebt gezegd dat er veel aandacht is voor agrobrandstoffen, en soms een beetje onterecht, omdat dat niet de belangrijkste factor is. Toch zou ik daarover graag een vraag stellen. U bent zeer strikt geweest. U hebt gezegd dat die doelstellingen zeer problematisch zijn, in die zin dat elke hectare die aan agrobrandstoffen wordt gespendeerd, een hectare minder betekent voor de voedselproductie. Mag ik daaruit besluiten dat opteren voor duurzaamheidscriteria een non-oplossing is? Mocht men de agrobrandstoffen onderwerpen aan een stel sociale en ecologische criteria – dan is het probleem niet meer zo erg – mag ik dan, uit wat u hebt gezegd, concluderen dat het weinig zoden aan de dijk zou brengen?

 

Tot slot heb ik nog een opmerking over wat er werd gezegd over palmolie. Ik meen dat het inderdaad deels te wijten is aan slecht beheer in Maleisië en Indonesië wat de bossen betreft. Als het niet voor palmolie zou zijn, zou het regenwoud misschien moeten verdwijnen voor iets anders. Maar natuurlijk, wanneer wij normen aannemen, zetten wij een enorme druk op de landen die er een enorme economische opportuniteit in zien hun regenwouden te kappen en massaal palmolie te produceren.

 

Ik meen dat, zeker wat die bossen betreft, wij op internationaal niveau een antwoord zullen moeten formuleren. Daar bestaat al een redelijke consensus over. Op de Klimaatconferentie in Bali bijvoorbeeld was dat precies een van de punten waarvoor, over de verschillende landen heen, een consensus bestond om te zoeken naar oplossingen.

 

In de discussie over die bossen hebt u ook gesproken over het certificeren van hout. Ik meen, althans ik hoop, dat wij binnen het hele klimaatverhaal wat dat betreft op de goede weg zijn.

 

01.11  Jean-Jacques Flahaux (MR): Monsieur Mikos, vous avez évoqué que le nombre de terres arables était limité et avait d’ailleurs tendance à se limiter de plus en plus, à la fois en raison des changements climatiques et aussi pour des raisons d’occupation du sol par les citoyens.

 

Par ailleurs, vous n’avez pas évoqué cette énorme opportunité, dont on parlait beaucoup dans le passé et dont on parle beaucoup moins: la problématique de l’alimentation par les océans et des nouvelles formes de culture qui y seraient liées.

 

De plus, vous ne pourrez peut-être pas me répondre vu votre fonction, mais la politique américaine en matière d’alimentation est particulièrement toxique, puisque notamment quand il y a des problèmes de famine, on envoie la nourriture venant des États-Unis et on n’achète pas les stocks dans les régions à problème. Pensez-vous que la nouvelle administration américaine qui se mettra en place pourra réellement changer cela ou les lobbies du Middle West feront-ils en sorte de rester dans la même situation?

 

Il faut aussi savoir balayer devant notre porte. Je me souviens qu’il y a quelques années, une chanson disait: "On est foutu, on mange trop"; on parlait vaguement d'obésité; on sait maintenant qu’on est à 20% et beaucoup plus encore aux États-Unis. On parle de plan cancer, de plan alimentation, de plan alcool avec la présidente Muriel Gerkens. Or manifestement, il y a encore de gros efforts à faire à ce point de vue là. On devrait pouvoir se contenter d’une autre alimentation qui n'empêche pas les autres de se nourrir.

 

Il y a quelques mois, on ne parlait que de biocarburants ou d'agrocarburants; aujourd’hui, ils ont tous les maux du monde! La formule est peut-être de développer les agro ou biocarburants de deuxième et troisième génération pour lesquels des efforts de recherche doivent encore être faits, certes, mais qui devraient permettre de mettre tout le monde d’accord.

 

01.12  Eric Tollens (KUL): Mijnheer de voorzitter, ik heb twee punten. Het eerste betreft de speculatie en de stocks. We hebben er zelf wat studies over gedaan, onder andere voor KBC naar aanleiding van de hetze die is ontstaan over hun Tak23-product van 6 landbouwgrondstoffen. We hebben er een hele literatuur op nageslagen en er een hele journal of futures markets research opgemaakt. We hebben heel wat artikels gevonden, maar geen enkel artikel of wetenschappelijke studie die econometrisch aantoont dat speculatie op de termijnmarkt – ik spreek over de optiemarkt en de aankopen op de termijnmarkt – of de volatiliteit of het stijgen of dalen van de prijs daardoor statistisch significant wordt beïnvloed. Dat is tegen alle verwachtingen in, dat geef ik toe. Intuïtief denken we allemaal dat speculaties op de termijnmarkt en vooral op de optiemarkt een prijsopdrijvend effect hebben. Het probleem is alleen dat we dat niet kunnen bewijzen. Dat is mijn besluit. We moeten toch oppassen wat we doen in dat verband.

 

Geacht parlementslid Van der Maelen, roofdieren zijn beschermde dieren, tussen haakjes. Ik wil dat nog even opmerken. De heer Mikos heeft reeds gezegd dat de termijnmarkt een heel nuttige rol speelt, in deze zin dat iedere trader of iedere industrieel zich kan indekken tegen het prijsrisico door operaties op de termijnmarkt. Maar ik daag iedereen uit om een artikel te vinden dat onweerlegbaar bewijst dat speculatie op de termijnmarkt of op de optiemarkt de prijzen in een of andere richting stuurt, of zelfs ook maar de volatiliteit beïnvloedt. Wij hebben het niet gevonden. Dat is het eerste punt.

 

Ten tweede, ik denk dat de stocks een heel belangrijke rol spelen. Ik ben ook voor het aanleggen van stocks, om de eenvoudige reden dat de huidige volatiliteit die er is en die bewezen is, alles te maken heeft met het feit dat de wereldstocks aan graan de laagste zijn in dertig jaar en niet groter dan twee tot drie weken. De stocks zijn altijd de belangrijkste buffer tegen prijsschommelingen. Een normale situatie is twee tot drie maanden stocks en momenteel zitten we op twee tot drie weken. Heel de volatiliteit in de landbouwprijzen gaat daarop terug: het feit dat er geen fysische stocks zijn. Als de oogst dit jaar slecht is – zoals het nu regent in de Midwest, zal de oogst daar slecht zijn als het zo doorgaat –, dan kunnen de prijzen gerust nog een keer verdubbelen. Dat is de consequentie van het feit dat er geen stocks zijn.

 

Wat de verwaarlozing van de landbouw in de arme landen betreft, als men de 50 armste landen ter wereld neemt, zijn dat allemaal netto-importeurs van voedsel, die allemaal minder dan 10% van hun overheidsbudget besteden aan landbouw. Ik ben zelf voorzitter van de wetenschappelijke raad voor landbouw- en bosbouwonderzoek in Congo. Congo heeft in 2006 1,7% van zijn overheidsbudget besteed aan landbouw. Voor subsaharaans Afrika is dat gemiddeld 4,5%. Dat staat in het World Development Report van 2008. Nochtans hebben alle staatshoofden de verklaring van Maputo ondertekend om 10% van hun overheidsbudget aan landbouw te besteden. Maar ze doen het niet.

 

De situatie nu in die arme landen, met voedselonzekerheid, is het gevolg van de verwaarlozing van hun landbouw. Dat gaat ook terug op wat de heer Mikos heeft gezegd: het feit dat er geen achterban is, dat de landbouw geen macht heeft, dat de boeren niet goed zijn georganiseerd in de meeste landen, en dus dat de regeringen hun landbouw eigenlijk serieus verwaarlozen. Het gaat niet over hoeveel geld ze besteden: het gaat eigenlijk over het percentage van het overheidsbudget dat zij besteden aan landbouw. Als dat niet verandert, is het hopeloos.

 

01.13  Els Keytsman (Oxfam Wereldwinkels): Mijnheer de voorzitter, ik wil eerst en vooral het Parlement bedanken voor de organisatie van deze hoorzitting over zo’n belangrijk probleem dat heel veel mensen treft. Ik wil zeker en vast het Parlement bedanken voor de uitnodiging van de ngo’s. Ik denk dat dat een voorbeeld is dat nog meer mag worden gevolgd.

 

Ik heb een zeer specifieke vraag en die sluit eigenlijk heel goed aan bij wat de vorige spreker heeft gezegd.

 

Als wij het hebben over de voedselcrisis vandaag – ik geloof dat het de heer Mikos was die heeft gezegd dat het niet zozeer een voedselcrisis is, maar een crisis van productie en aanbod, en dat is voor een groot stuk juist – dan is een van de oplossingen inderdaad het aanleggen van stocks. De wereld heeft een goedgevulde graanschuur nodig. Goedgevulde graanschuren en het aanleggen van andere voedselstocks zijn zeker een goed instrument om onder meer de speculatie tegen te gaan.

 

Het is echter onze overtuiging dat het aanleggen van stocks alleen onvoldoende is. Mijn vraag aan beide sprekers is dan ook of wij dit beleid van aanbodbeheer door het aanleggen van stocks niet moeten versterken met een ander soort beleid, namelijk met een beleid dat ingrijpt op de prijzen.

 

Ik was heel aangenaam verrast dat de heer De Schutter ons heeft herinnerd aan het bestaan van grondstoffenakkoorden. De grondstoffenakkoorden dateren inderdaad van vele decennia geleden. Heel veel beleidsmakers weten niet goed meer dat die ooit zijn afgesloten en welke rol zij hebben gespeeld in het verleden.

 

Mijn vraag is dan ook de volgende. Moeten die grondstoffenakkoorden en de commodity bodies waar die grondstoffenakkoorden worden afgesloten niet weer in ere worden hersteld en zouden die ook niet weer de instrumenten in handen moeten krijgen die ingrijpen op de prijs? Moeten in die grondstoffenakkoorden ook niet weer afspraken worden gemaakt over de prijzen van een aantal grondstoffen?

 

01.14  Kristof Volckaert (Boerenbond): Mijnheer de voorzitter, de Boerenbond is ook lid van de Internationale Federatie van Landbouworganisaties. Ik wil in dat licht praten. Familiale landbouw wereldwijd is vragende partij voor een coherent landbouwbeleid. Zonder landbouwbeleid zijn wij een dode mus en dus lijdt voedselzekerheid daar ook aan, want wij zijn primaire producenten, wij moeten het geproduceerd krijgen. Wij vragen dus ook een stem in dat kapittel bij het bepalen van een coherent landbouwbeleid.

 

Subsidies zitten daaraan vast. Vaak worden subsidies heel negatief beoordeeld. Ik geef toe dat er soms negatieve effecten, perverse effecten zijn. Die moeten wij tegengaan. Subsidies verlenen is de taak die de overheid opneemt om een eigen landbouwmodel uit te bouwen. Wij willen dat benadrukken als levensnoodzakelijk.

 

Ten tweede, er is nood aan positief investeren in landbouw. Ngo’s zijn bezig met microfinanciering. Dat is nodig, maar niet voldoende. De landbouwsector heeft meer van dat nodig. De overheid moet zijn rol opnemen of wij slagen er niet in als producenten om het voedsel op de stedelijke markten te krijgen.

 

Infrastructuur en een stijging van de productiviteit zijn noodzakelijk. Er dient dus door de overheid en niet alleen door privébedrijven in landbouwkundig onderzoek te worden geïnvesteerd. Wij kunnen niet zonder privébedrijven, maar als wij het landbouwkundig onderzoek alleen aan hen alleen overlaten, zijn wij opnieuw de pineut.

 

De voorzitter: De heer Gert Engelen van Vredeseilanden heeft het woord.

 

01.15  Gert Engelen (Vredeseilanden): Mijnheer de voorzitter, ik wil van de gelegenheid gebruikmaken om heel kort aan te geven dat wij tijdens de voorbereiding van de internationale bijeenkomst in Rome, zowel ter plaatse als vooraf, met de Belgische delegaties heel goed hebben samengewerkt.

 

Mijnheer de voorzitter, de volgende vraag is aan u gericht. Is het mogelijk om een dergelijk interessant debat voorafgaand aan een dergelijke top te houden in plaats van achteraf, zoals nu? Het zou voor de Belgische onderhandelaars interessant zijn om een nog breder gedragen positie te kunnen verdedigen en een parlementair debat te houden, telkens wanneer belangrijke evenementen zich voordoen en dus niet enkel voorafgaandelijk aan een wereldvoedseltop.

 

Een mogelijkheid om op basis van de voedseltop verder te werken, is de conclusies onder de loep nemen van de conferentie die daarstraks door de heer De Schutter werd voorgesteld en waaraan door vierhonderd wetenschappers vier jaar werd gewerkt. Het gaat om de conferentie met de naam IAASTD. In de conclusies worden belangrijke aanbevelingen geformuleerd.

 

Het rapport werd niet door België ondertekend. Is het mogelijk dat België zich alsnog achter de conclusies van voornoemde bevindingen schaart?

 

De voorzitter: Mevrouw Monique Munting heeft het woord.

 

01.16  Monique Munting (deskundige): Mijnheer de voorzitter, ik ben een gewezen ambtenaar bij de Europese Commissie. Ik ben tegenwoordig werkzaam als expert op het gebied van plattelandsontwikkeling en mensenrechten.

 

J'ai trois questions.

 

La première recoupe des questions qui ont été posées par d'autres et qui ont trait à l'importance des investissements dans le secteur agricole dans les pays en voie de développement. On nous a expliqué que le rôle de l'État avait été démantelé. Il faut quand même dire que cela n'a pas été fait à l'initiative des gouvernements des pays concernés, mais notamment avec l'appui de la Commission européenne. On nous a expliqué que ni le micro-crédit ni les investissements des entreprises ne pouvaient générer des investissements nécessaires dans le secteur agricole. La question que j'adresse à M. Mikos est donc la suivante: comment conçoit-on le rôle des États sur le plan de ces investissements agricoles dans les pays du Tiers-Monde, en sachant évidemment que chez nous, le secteur agricole doit sa survie à d'énormes investissements du secteur public, qui ont notamment pris la forme de subventions.

 

Ma deuxième question a trait à la certification. Comment un système de certification, qui par définition s'adresse à des importations, des exploitations, voire des régions individuelles, peut-il contrôler des effets macro-économiques, c'est-à-dire la reconversion massive de terres agricoles à la production d'agrocarburants, les hausses de prix et la spéculation?

 

En ce qui concerne le volet "critères sociaux" que la Commission négocie notamment dans des groupes de travail, au sein desquels siège une part non négligeable des gros producteurs qui, en fait, traditionnellement, ont déboisé, pollué, détricoté les systèmes de sécurité sociale, quel est le rapport entre les critères sociaux selon la Commission et ceux qui dérivent de conventions internationales, comme l'Organisation internationale du Travail?

 

01.17  Xavier Delwarte (Fugea): Monsieur le président, je vous remercie de nous donner la parole. Je me présente: Xavier Delwarte, de la FUGEA (Fédération unie de groupements des éleveurs et agriculteurs), membre de "Via Campesina" au niveau international.

 

Il est question de crise alimentaire. Pour nous, ce n'en est pas une, puisqu'elle était plus que prévisible. Depuis maintenant deux sommets de la FAO, nous prédisions ce problème. Il s'est cantonné longtemps aux campagnes; maintenant il surgit dans les villes. C'est une occasion pour nous d'en parler, mais le problème est apparu depuis vingt ou trente ans, et rien n'a été décidé pour le régler.

 

Au niveau de "Via Campesina" et sur un plan européen, nous mettons en avant l'idée de réguler les marchés et de gérer l'offre et la demande. Nous nous apercevons aujourd'hui qu'à cause de l'OMC qui est suivie par la Commission européenne, nous débouchons sur une situation de dérégulation croissante des politiques agricoles.

 

Nous nous dirigeons ainsi vers un marché libéral et sauvage qui va défavoriser une production locale paysanne que nous défendons et le maintien d'un prix rémunérateur pour les agriculteurs.

 

Je puis vous citer l'exemple du lait. Vous êtes certainement au courant des manifestations qui sont organisées aujourd'hui en Wallonie. Plusieurs grandes surfaces ont été bloquées. Or le problème du lait n'en est qu'un parmi d'autres. Et nous en parlons moins chez nous, parce que les gens peuvent se payer un litre de lait, mais le problème est d'autant plus aigu chez nous d'un point de vue qualitatif. Nous pourrions en parler longuement: nous disposons de beaucoup d'aliments à consommer, mais la qualité ne suit pas toujours.

 

Nous défendons donc la politique agricole commune.

 

Nous la défendons, mais nous voulons surtout la réorienter. Nous sommes partis vers une politique agricole commune qui favorise l'agroalimentaire, mais nous voulons surtout maintenir un maximum d'agriculteurs en Belgique et en Europe et des produits de qualité à des prix abordables pour le consommateur. Nous ne souhaitons pas du tout fournir une matière première à bas prix comme c'est le cas aujourd'hui, qui offre des marges importantes à l'agroindustrie et à la grande distribution.

 

Nous ne sommes pas du tout d'accord avec le régime de l'OMC qui, aujourd'hui, favorise la libéralisation. Je voudrais poser une question à M. Mikos. Quand la Commission européenne se rendra-t-elle compte que l'agriculture et l'alimentation sont la base de toute industrie? Nous demandons une remise en cause complète de la politique agricole commune et qu'elle soit réorientée vers une production et une consommation locale avant de faire de l'agroexportation.

 

Deuxième question: pensez-vous que les agrocarburants vont nourrir le monde?

 

Je voulais aussi saluer l'intervention plus que pertinente de M. De Schutter. J'aimerais avoir son avis sur les discussions qui ont eu lieu à Rome. Sont-elles positives d'un point de vue politique pour le maintien de la souveraineté alimentaire dans le monde?

 

De voorzitter: De heer Jean-Pierre De Leener, van 11.11.11, krijgt als laatste het woord.

 

01.18  Jean-Pierre De Leener (VAC 11.11.11): Mijnheer de voorzitter, naast het feit dat door de heer De Schutter werd aangehaald dat wij jarenlang onze landbouw wereldwijd vergeten te steunen zijn, wil ik toch ook vermelden dat er een andere optie ingang heeft gevonden en dat is het idee dat men dacht dat door ergens ter wereld voldoende te produceren en door de handel te laten functioneren, door het transport te laten functioneren, een mogelijk hongerprobleem kon worden opgelost.

 

Dit blijkt vandaag niet zo te zijn. Dat wil ook zeggen dat wanneer men voedsel wil produceren, men boeren nodig heeft. Als men boeren nodig heeft en men wil dat ze blijven boeren, dan moet men zorgen dat zij door uitoefening van hun beroep voldoende inkomen kunnen genereren, niet voor één jaar of twee jaar gratis door hun zaad te geven, maar door een stabiel klimaat te organiseren.

 

Europa, met een aantal problemen die eraan zijn verbonden, heeft in het verleden in elk geval een stap gezet door te zeggen dat men voor de basisproducten een politiek beleid ging uitstippelen. In een paar tientallen jaren tijd zijn wij erin geslaagd om meer dan voldoende te produceren. Dat recht mogen wij niet ontzeggen aan landen en boeren in het Zuiden.

 

Daarom moeten wij er ook voor zorgen – daarom moeten wij stante pede uit het WTO-verhaal stappen – dat wij niet een grondstoffenmarkt in landbouwproducten creëren, maar moeten wij ervoor zorgen dat wij voedsel produceren in de verschillende regio’s. Daarvoor moeten wij een landbouwpolitiek mogelijk maken in die verschillende regio’s.

 

Daarnaast – dat is misschien de oproep aan het Belgische Parlement en ook aan de regionale parlementen, want de bevoegdheden zijn verdeeld – mag bij de discussie over landbouwbeleid niet worden vergeten dat ook het handelsbeleid daar een enorme invloed op heeft. Ook de internationale akkoorden hebben wat dat betreft een enorme invloed. Ook mag Ontwikkelingssamenwerking niet vergeten dat alle inspanningen die op korte termijn of via projecten worden gerealiseerd, van vandaag op morgen teniet kunnen worden gedaan door het maken van fouten of door incoherentie op de andere beleidsdomeinen.

 

De crisis die wij vandaag meemaken inzake de voeding vanuit de landbouwsector konden wij heel gemakkelijk zien aankomen, omdat er elke dag meer en meer boeren verdwijnen. Die crisis wordt versterkt door het hele klimaat- en energieverhaal. Dat betekent dus dat men onmogelijk iets kan doen met de ene hand dat niet wordt gevolgd door een actie van de andere hand. Er is een zeer sterk landbouwbeleid nodig, zowel in Europa als in de andere werelddelen, dat wordt ondersteund door een coherent klimaat- en energiebeleid en ontwikkelingssamenwerkings- en handelsbeleid.

 

01.19  Alex Danau (Collectif stratégique alimentaire): Monsieur le président, je souscris à ce qui a été dit par mes prédécesseurs. J'ai une crainte; elle concerne le diagnostic et l'analyse qui a été faite. Je m'adresse plus particulièrement à M. De Schutter.

 

Je ne suis pas certain qu'il y ait vraiment une crise de la production. Je souscrirais davantage à l'argument avancé par M. Mikos, selon lequel un problème de variabilité se pose. C'est un gros problème. De même, la diminution des stocks n'indique pas forcément qu'il y a un déficit de l'offre. Comme l'ont fait l'Union européenne, les États-Unis et les grands pays producteurs, ce sont les instruments de politique agricole qui disparaissent progressivement sous les coups de butoir des accords qu'ils concluent à l'OMC. Il ne faut pas se tromper non plus au niveau des diagnostics. Les instruments de stockage ont été supprimés et l'Union européenne s'apprête à supprimer le dernier qui lui reste. C'est bien dans l'actualité.

 

Reprenons l'étude de la FAO préparatoire au sommet de Rome. On y apprend qu'aux États-Unis, mais c'est également le cas chez nous, on est occupé à emblaver partout avec des céréales et du soja. Non! Je pense que nous allons avoir une recrudescence de la production, qui risque de déstabiliser à nouveau les marchés. C'est là que réside l'essentiel du risque.

 

Monsieur De Schutter, vous avez épinglé l'attitude de l'Argentine lorsque, pour protéger son marché, sa population, elle a décrété des restrictions aux exportations. Vous savez que cela a posé énormément de problèmes à Rome à l'occasion de la conclusion de la déclaration.

 

Il me semble, pour ma part, qu'en l'absence d'une politique claire à l'échelle internationale, il revient aux États de prendre les mesures indispensables. Et parmi ces mesures et ces instruments de politique, il y a les restrictions à l'exportation.

 

Quelle est votre position à ce sujet? Estimez-vous que la communauté internationale est cohérente avec elle-même quand elle fustige l'Argentine et qu'elle pousse à une plus grande libéralisation? Pour ma part, je considère qu’elle est malheureusement cohérente, mais n’y a-t-il pas là une contradiction avec la sécurité alimentaire mondiale? N'y a-t-il pas quelque chose à faire, par la communauté internationale en matière de stocks et de stabilisation des marchés?

 

01.20  Patrick Moriau (PS): Monsieur le président, je voudrais faire une remarque à propos de la spéculation.

 

Même si nous ne disposons pas de preuve en la matière, il est insupportable, d'un point de vue éthique, que des spéculations puissent avoir lieu sur des matières alors que l'on sait qu'à l'heure actuelle, un enfant meurt toutes les trois secondes de sous-alimentation.

 

C'est invraisemblable!

 

Sur l'autre plan, on vient juste de le dire, il faut rappeler que la cause principale est quand même les institutions créées à Bretton Woods. Ce sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et surtout l'OMC qui ont obligé l'ensemble des pays en développement à se détourner de l'agriculture vivrière pour avoir une exportation de cultures de rentes, notamment le cacao ou le coton, avec comme objectif ultime de permettre le remboursement de la dette extérieure. La problématique de l'abolition de la dette me paraît être un élément essentiel, sur lequel nous devons travailler.

 

Monsieur Mikos, vous parliez de spéculation, mais il y a aussi des spéculations à la baisse. Mme Gerkens a parlé du Fonds de survie qui est une initiative parlementaire, suite à l'appel des intellectuels dans les années '70 sur la faim dans le monde. Le problème n'est pas récent.

 

Par exemple, au Mali, sur les rives du Niger, il y avait des rizières, il y avait une forme de micro-souveraineté alimentaire. On a transformé cela en champs de coton! Le Mali, qui est un des pays les plus pauvres de la planète, où l'espérance de vie est de 38 ans à peine, est le premier exportateur de coton! Cela nous permet d'acheter des T-shirts à 2 euros, c'est la réalité.

 

Bien sûr, on peut parler de la responsabilité des gouvernances, je ne fais pas l'avocat du diable. Mais on sait que la responsabilité première vient de ces ajustements structurels par rapport à des dettes qui, généralement, étaient odieuses dans le cadre de la géostratégie. Il y a là un vrai problème qu'il faut oser soulever.

 

Le Fonds de survie est une initiative qui parle de souveraineté alimentaire. Je rejoins ce que disait Mme Van der Straeten. La première chose à faire ne serait-il pas de débattre sur le fait de sortir la compétence agricole de l'OMC, quitte à la transférer à la FAO avant de créer un autre fonds? C'est un débat essentiel sans lequel nous ne pourrons aboutir en la matière.

 

Monsieur le président, j'avais encore beaucoup de choses à dire mais j'avais promis d'être bref.

 

Le président: Je donne la parole à nos deux orateurs, qui ont une tâche très lourde. Monsieur Mikos, vous étiez le dernier tout à l’heure!

 

01.21  Philip Mikos: Je vais répondrai dans l'ordre des questions.

 

La question des OGM. Le drame avec les OGM, c’est qui les manipule et qui les gère, et pourquoi ils sont produits et pourquoi ils sont gérés. L’OGM en lui-même est le produit d’une recherche agricole pour développer des nouvelles variétés. On connaît les risques peut-être pas de santé mais certainement environnementaux qu’il pose. Le problème est que les OGM dont on dispose maintenant, ce sont des OGM qui ont été créés pour vendre, non pas des semences, mais des pesticides essentiellement. Ce ne sont pas ces OGM-là dont ont besoin les pays en développement. Ils ont besoin de variétés améliorées qui répondent aux contraintes du milieu dans ces pays. Ces contraintes, avec les changements climatiques, ne feront qu’augmenter. Ce sont des contraintes biotiques, c'est-à-dire liées au biotope dans lequel ils sont produits, ce ne sont pas des contraintes liées à l’introduction d’un gène qui permet de résister à un herbicide ou un pesticide. Comment un pays comme le Burkina-Faso, le Mali ou n’importe quel autre pays d’Afrique, peut-il gérer la pression d’une multinationale qui, pour des raisons commerciales, essaye d’introduire une variété génétiquement modifiée.

 

Je fais une petite digression ici, la question n’est pas seulement une question de propriété intellectuelle sur les semences car actuellement, la plupart des maïs cultivés en Afrique sont des maïs hybrides, dont la maison productrice de la semence possède aussi la propriété intellectuelle. Mais le problème est celui du principe de prudence, face à l’impact d’un tel OGM, mal connu, sur le biotope, sur l’environnement. Ceci est mon point de vue; je ne parle pas ici au nom de la Commission, mais en mon nom propre.

 

Que dit-on aux pays en développement? Dotez-vous des moyens législatifs et réglementaires qui vous permettent de vous protéger ou définir vos propres politiques. On ne peut pas dire le contraire. On ne peut pas dire: interdisez les OGM. Il y a un principe d’appropriation, il y a un principe d’ownership, mais bien qu'on veuille aider ces pays pour qu’ils se dotent de législations et de réglementations qui intègrent ce principe de précaution, on ne peut pas les imposer.

 

On le fait de façon détournée à partir du moment où on interdit la commercialisation de ce produit sur le marché européen parce qu'on n'accepte pas certains OGM. On le fait mais de façon indirecte avec le risque que cela pose d'autres barrières commerciales non tarifaires et qu'elles soient critiquées à d'autres points de vue. C'est une thématique complexe. Je constate qu'on attaque les OGM en bloc alors que l'avenir de la recherche agricole ne passera peut-être pas par les OGM mais certainement par les biotechnologies. On développera par ce moyen des variétés qui répondent aux contraintes et qui pourront être aussi des variétés OGM. Il faut faire la distinction entre ce qui est stratégie commerciale et stratégie de recherche agricole.

 

Le représentant du Boerenbond a mentionné la recherche agricole. Actuellement, pour les pays en développement, cette recherche ne peut être que publique: il n'y a pas de marché pour une recherche agricole privée donc il n'y a pas d'investissement en recherche agricole pour les pays en voie de développement. Sans une recherche agricole publique, avec des donateurs comme vous et comme nous, avec la communauté internationale, il n'y aura pas de révolution agricole. Les institutions existent: c'est le Consultative Group on International Agricultural Research (CGIAR), une organisation internationale des centres de recherche agricole. Cette révolution ne doit pas être la révolution verte de l'Asie mais doit être adaptée aux besoins des agriculteurs africains, très différents selon les pays et leur biotope qui ont besoin de réponses appropriées.

 

À la question de la déforestation soulevée par Mme Van der Straeten, je dirai qu'en effet, la réponse passe par un accord sur la protection et la valorisation des forêts dans le cadre des négociations sur le climat. Il n'y a que cela qui puisse garantir le maintien de ces forêts. Cet accord viendra mais pas avant 2009. Pour l'instant, les négociations se poursuivent. Par le biais de la certification, on ne peut que donner un encouragement supplémentaire pour une certaine pratique. Mme Munting mentionnait les questions liées à la certification. Je ne connais pas les critères sociaux qui sont en négociation mais ils sont très proches de ceux du BIT. On pourra peut-être vous répondre par écrit ultérieurement.

 

L'aide au développement destinée à l'agriculture fait partie des subventions agricoles - qu'un État soit financé par un donateur international ou qu'il les accorde à partir de son propre budget. À la question "quels investissements doivent opérer les pays en développement?", je répondrai que chaque pays doit agir en fonction de sa situation. Certains investiront dans l'irrigation, d'autres dans l'éducation, la formation ou la vulgarisation. Ce n'est pas à nous de définir les priorités, qui doivent être adoptées par chaque pays de façon appropriée.

 

Monsieur Flahaux, la politique américaine a changé en partie parce que ce pays a recyclé une grande partie de ses excédents dans le biocarburant. Cela a posé un énorme problème au PAM (Programme d'aide alimentaire), parce que la diminution de l'aide alimentaire américaine en nature avait creusé un déficit. Cette politique a changé, même si les lobbies et les producteurs restent très influents, comme en témoigne la "Farm Bill". Mais c'est la direction vers laquelle les États-Unis s'acheminent. N'oublions jamais que nous avons appliqué la même politique jusqu'en 1996. Nous faisons maintenant figure de bons élèves, mais nous utilisions aussi nos excédents comme aide alimentaire jusqu'en 1996.

 

Je devais encore répondre à propos des institutions de Bretton Woods, mais j'y reviendrai plus tard.

 

01.22  Olivier De Schutter: Je serai bref car nous sommes au-delà de l'horaire que nous avions fixé. Je voudrais d'abord dire que les questions que j'ai entendues me rassurent sur la pertinence des sujets sur lesquels je travaille.

 

Je serai en mission auprès de l'OMC à la fin de ce mois, préparée par plusieurs séminaires d'experts pour tenter d'évaluer l'impact du régime actuel des accords de l'OMC et de la négociation en cours sur le droit à l'alimentation. J'aurai ainsi l'occasion de dresser un rapport sur ces questions, qui sera disponible en septembre.

 

Il ne faut pas oublier le paradoxe constitué par la demande des pays en développement lors de l'Uruguay Round en 1986 que l'agriculture figure au rang des sujets débattus. Jusqu'alors, le GATT avait surtout bénéficié aux pays producteurs de produits industriels et l'agriculture avait été de fait le parent pauvre. Aujourd'hui, on se rend compte de l'erreur commise. En mettant en commerce les produits agricoles, un de mes amis me dit qu'il y a trois raisons de ne pas traiter l'agriculture comme une marchandise comme les autres: le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner.

 

Nonobstant, deux problèmes sérieux se posent: il s'agit d'un bien qui correspond à l'exercice d'un droit de l'homme. En d'autres termes, il est extrêmement dangereux de soumettre à la loi de l'offre et de la demande un bien qui est essentiel à la survie et au développement de chacun. Je pourrais être plus explicite à ce sujet, mais le simple principe de mettre en concurrence les consommateurs du Nord et du Sud pour l'acquisition de certaines matières essentielles à la survie pose un problème. On pourrait discuter de cela sur le plan économique. Les agrocarburants constituent de ce point de vue une excellente synthèse du problème, comme le coton l'a été autrefois.

 

En matière d'agriculture, l'offre et la demande sont extrêmement peu élastiques à l'évolution des prix. En effet, lorsque les prix augmentent sur les marchés, l'offre ne suit que très lentement et de façon moindre. Lorsque les prix augmentent de 10%, l'offre augmente de 1%. Pourquoi? Parce des investissements seront nécessaires. On peut escompter au maximum trois récoltes par an. On ne peut passer du jour au lendemain du maïs au riz. Les sols s'y prêtent ou pas, etc. L'offre est peu élastique et la demande l'est tout autant.

 

Lorsque les prix augmentent, en général, on se prive d'abord d'envoyer les enfants à l'école et de bénéficier de soins médicaux. On ne renonce que plus tard à manger suffisamment. Il est vrai que c'est une difficulté et que les denrées alimentaires doivent voir reconnues leur spécificité dans le cadre des négociations de Doha.

 

Permettez-moi de ne pas anticiper sur les conclusions de la mission auprès de l'OMC que je vais conduire.

 

Une des questions que je vais aborder est celle des droits de propriété intellectuelle sur les intrants pour la production agricole.

 

On a recouru aux licences obligatoires en matière de produits pharmaceutiques au nom du droit à la santé. Pourquoi ne pas imaginer des licences obligatoires pour les semences dont les droits de propriété intellectuelle sont détenus par un petit nombre de sociétés – il faut le reconnaître – qui sont oligopolisées pour l'instant. Cette tendance à la concentration est allée en s'accentuant depuis dix ans, de manière inquiétante.

 

Plusieurs questions ont été posées sur les agrocarburants. Je n'ai rien entendu qui me fasse évoluer sur cette question ici.

 

J'ai appelé à un gel de tout investissement dans les agrocarburants de la première génération. Je pense que c'est une politique déraisonnable. Si on avait eu un peu de courage, on l'aurait dit à Rome. La difficulté est qu'il fallait adopter cette déclaration par consensus et rien n'aurait été pire que de voir des États s'en dissocier. On a payé d'un prix élevé le souci de trouver un consensus. Ce prix est le plus petit dénominateur commun. La déclaration finale se contente donc de dire sur ce point qu'il faut une discussion internationale. C'est très peu.

 

Je crois que l'Union européenne doit reconnaître parfois qu'elle se trompe. Tout le monde se trompe. Tout le monde gagne à reconnaître ses erreurs. Les aspects macro-économiques, dont Monique Munting montre bien qu'ils ne peuvent pas être envisagés par des critères de durabilité socio-environnementaux, sont tout à fait importants.

 

Jean-Jacques Flahaux a mentionné les agrocarburants de la seconde génération. On a pour eux le même enthousiasme qu'il y a dix ans pour les agrocarburants de la première génération. Or on sait que la quantité d'eau nécessaire à la production de ces agrocarburants de la seconde génération sera considérable. Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'une énergie durable.

 

Pour les agrocarburants, il faut opérer une distinction soigneuse selon les différentes plantes. Le jatropha, le sorgho doux sont des alternatives viables car il est possible de faire pousser ces plantes dans des zones quasi désertiques ou parce que le sorgho peut être utilisé pour la bioénergie comme pour la nourriture, sans concurrence de l'une ou de l'autre.

 

Mais utiliser des terrains fertiles pour faire pousser des betteraves pour remplir les réservoirs ou pour faire pousser du maïs pour faire rouler les voitures n'est pas acceptable.

 

Il s'agit là, selon moi, d'une politique qui n'est pas une alternative crédible à l'utilisation des énergies fossiles. Il faut aller vers d'autres formes d'énergie alternative, notamment l'énergie solaire. Mais c'est là le sujet d'un débat beaucoup plus large.

 

Je désire terminer en vous remerciant tous pour votre écoute attentive et pour la qualité des questions qui ont été posées.

 

Je vais continuer à travailler. Le Conseil des droits de l'homme me demande beaucoup plus de rapports que prévu.

 

Puisque M. Jean Cornil a particulièrement montré son intérêt pour ce dossier, je propose de lui transmettre ces rapports afin qu'il puisse vous tenir informés de l'évolution de la discussion internationale.

 

01.23  Philip Mikos: Monsieur le président, nous avons eu une discussion très riche. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer.

 

Le président: En notre nom à tous, je souhaite remercier nos deux orateurs. Je crois que l'initiative qu'a prise la nouvelle commission du Climat et du Développement durable est une réussite.

 

Nous essayons également de traduire l'apport des ONG dans des textes de motions ou de résolutions. Nous essaierons de terminer ce travail avant les vacances parlementaires.

 

Wij zullen proberen om dat op muziek te zetten. Ik bedank niet alleen de sprekers, de heer De Schutter en de heer Mikos, maar ook alle deskundigen, de mensen van de niet-gouvernementele organisaties en het middenveld voor hun aanwezigheid hier in het Parlement. Het is een goed bewijs dat het Parlement effectief met de civiele maatschappij – zoals men dat noemt – kan samenwerken.

 

Het zal niet de laatste keer zijn dat wij elkaar rond deze onderwerpen zien. (Applaus)

 

De openbare commissievergadering wordt gesloten om 17.05 uur.

La réunion publique de commission est levée à 17.05 heures.